Pascal Charpentier

Depuis quelques années, nous naviguons dans un environnement boursier déséquilibré qui n’a fait que s’accentuer avec la pandémie. Dans les graphiques qui suivent, nous vous présentons deux compagnies avec une croissance similaire de leurs flux de trésorerie au cours des neuf dernières années, mais dont les actions ont suivi des parcours complètement opposés.

Source : Pascal Charpentier, avec Y-charts

Le premier graphique montre la progression de la croissance en pourcentage des flux de trésorerie de la compagnie Apple, représentée par la courbe orange. En lien avec cette courbe, on peut voir en mauve la croissance en pourcentage du cours de l’action depuis 2011. Le graphique nous indique que le cours de l’action a augmenté de 839,4% au cours de cette période, alors que les flux de trésorerie ont progressé de 95,82%

Dans le deuxième graphique, vous voyez l’évolution des deux mêmes données au cours de la même période, mais pour la compagnie AT &T. L’écart entre les deux graphiques est saisissant. Pour pratiquement la même progression des flux de trésorerie (95,82% et 99,77%), la progression du cours d’Apple a complètement déclassé celle d’AT&T : 839,4% de hausse pour Apple au cours des 9 dernières années, contre -0,67% pour AT&T !

Le résultat est qu’aujourd’hui, l’action de la compagnie Apple se transige à 28,2 fois ses flux de trésorerie, contre 3,8 fois pour AT&T. Ce constat ne tire pas la conclusion que la compagnie Apple ne mérite pas son évaluation élevée actuelle mais démontre plutôt que la compagnie de communication AT&T mérite une évaluation bien supérieure.

La conclusion que nous tirons est que l’argent actuellement investi sur les marchés se concentre sur une poignée de compagnies, dont Apple, qui montent davantage que le reste du marché du fait de la grande demande pour leurs titres, créant ainsi des poches d’opportunités d’investissements extraordinaires dans le reste du marché, comme AT&T et bien d’autres compagnies.

Le tableau suivant est très éloquent sur la concentration du marché actuel. On peut y voir l’espace occupé par les 5 plus grandes compagnies américaines en termes de capitalisation boursière (c’est-à-dire le nombre d’actions sur le marché multiplié par le prix de l’action) depuis 1993. Certains moments sont caractérisés par une concentration accrue des investissements, comme 2000 (18% du total des investissements dans les 5 plus grosses capitalisations) ou l’année 2008 (16%), suivies d’autres périodes où les investissements sont répartis de façon plus équilibrée dans l’ensemble du marché.

Il est intéressant de remarquer que ce ne sont pas toujours les mêmes compagnies qui se retrouvent dans la locomotive de l’indice. En 2008, c’était Exxonmobil, Walmart, Proctor & Gamble, Microsoft et Johnson & Johnson, alors qu’en 2000, c’était Microsoft, Cisco, GE, Intel et Exxonmobil. Vous vous demandez peut-être comment ces 5 titres ont évolué en bourse entre le pic de mars 2000 et le pic de novembre 2008 ? Une petite recherche nous révèle que Microsoft est passé de 48$ à 22$, Cisco de 77$ à 15$, GE de 46$ à 16$, Intel de 70$ à 13$, et Exxon de 38$ à 74$. Mis à part pour Exxon, on ne peut pas dire qu’un placement dans ce Top 5 en 2000 ait été profitable. Comme quoi tenir la première place sur le S&P 500 n’est pas une garantie de rendement futur…

Comme le montre le graphique, on a atteint un nouveau sommet de concentration à l’automne 2018 (17,5%), mais ce qui est ahurissant, c’est que la concentration a continué de s’accentuer depuis pour culminer à 27% cet automne !

Ce deuxième tableau nous montre qu’alors qu’en 2013, les plus grandes capitalisations n’occupaient que 8% de l’ensemble des investissements dans le S&P 500, nous nous retrouvons actuellement avec environ le quart des investissements concentrés dans seulement 5 compagnies : Apple, Microsoft, Amazon, Google et Facebook ! Bien sûr, ce sont d’excellentes compagnies, mais leurs chiffres d’affaire rassemblés ne représente que 2,45% du chiffre d’affaire total de l’indice… Est-il raisonnable de miser sur la probabilité que leur évaluation actuelle perdure?

Quant au trois-quarts restant de la capitalisation boursière du S&P 500, il est dilué dans les 495 autres compagnies de l’indice. Inutile de préciser qu’avec si peu de demande, les prix de ces actions stagnent, et ce, même si les bénéfices sont en hausse. C’est ce qui explique le contexte d’opportunités incroyable dans lequel nous nous retrouvons. AT&T est sans conteste l’une d’elles, mais il y en a de nombreuses autres.

Il est certain que pour les investisseurs valeur que nous sommes, la patience est mise à l’épreuve ces dernières années, avec l’étirement d’une telle anomalie mathématique, et le marché qui tarde à récompenser équitablement notre positionnement basé sur la raison. Cependant, nous croyons plus que jamais que le choix de compagnies sous-évaluées et de qualité est garant des meilleurs rendements à long terme.

N’hésitez pas à communiquer avec nous pour découvrir notre offre en placement. Il nous fera plaisir de vous aider à saisir des opportunités sur les marchés financiers.

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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un conseiller en placements et gestionnaire de portefeuille pour l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles du gestionnaire de portefeuille uniquement et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.


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