Pascal Charpentier

Comme je l’ai mentionné dans mon précédent texte « Une panique mais pas une dépression »    La déroute de 1907 avait été endiguée par l’intervention de l’Etat qui avait investi massivement dans les banques.  Mais ce fut en fait l’intervention de J.P. Morgan qui empêcha la crise de se transformer en effondrement en obligeant les joueurs principaux  à injecter les liquidités nécessaires pour repartir le marché financier.

Aujourd’hui, les yeux sont tournés vers Warren Buffett afin de savoir ce que l’oracle d’Omaha pense et fait.  Voici l’extrait d’un texte qu’il a écrit le 17 octobre dernier dans le New York Times :

« Le monde financier est dans un mauvais état aux Etats-Unis et dans le reste du monde.  Les problèmes de l’économie se répandent comme une marée.  A court terme, le chômage va augmenter, les échanges commerciaux vont vaciller et les manchettes continueront d’être pessimistes.   En conséquence j’achète des actions américaines.  Si les prix continuent à être aussi bas, je serai bientôt investi à 100% en actions américaines.   Une règle dicte ma conduite : soyez craintifs lorsque les autres sont avides et avides lorsque les autres sont apeurés.  Une chose est sûre actuellement, c’est que la peur est répandue partout.  Les investisseurs ont raison de s’inquiéter des compagnies qui ont utilisé les effets-leviers mais il ne faut pas les confondre avec les joueurs majeurs du marché qui réussiront dans un avenir rapproché à faire des profits record.  Je tiens à être clair :  je ne peux pas prédire les mouvements du marché à court terme, donc je ne peux pas savoir où nous serons dans un mois ou dans un an.  Par contre, je suis persuadé que les marchés vont monter et de façon substantielle bien avant que l’économie n’ait effectué son revirement.  Alors si vous attendez le retour des rouges-gorges pour investir, le printemps sera déjà terminé.

Un peu d’histoire :  Durant la grande dépression, le Dow Jones a atteint le niveau de 41 points le 8 juillet 1932.  Malgré cela, bien que les conditions économiques aient continué à se détériorer jusqu’à l’arrivée de Roosevelt en mars 1933, le marché a rebondi de 30% durant cette période.   En conséquence, le marché peut récupérer même si l’économie se détériore encore puisque la finance est toujours à l’avance de plusieurs mois sur l’économie.   Les actions auront le dessus sur les liquidités par un pourcentage important.  Les investisseurs qui vendent actuellement pensent qu’ils pourront synchroniser avantageusement leur retour sur le marché en attendant le retour des bonnes nouvelles.  Je leur dis donc qu’ils ont oublié les bons conseils de Wayne Gretzky : Je patine vers où la rondelle s’en va, pas vers où elle était. »   Warren Buffett, 17 octobre 2008  New-York Times

Voici maintenant où Avner Mandelman du Report on Business envoie la rondelle  Il compare le Dow Jones de la crise avec le Nasdaq actuel :  « Si nous devons comparer la situation actuelle avec une période historique, elle ressemble davantage à 1937 qu’à 1929 et si cette comparaison tient la route nous devons nous attendre à vivre une remontée prochainement.

Le Dow Jones de l’euphorie est passé de 100 points de base à 381   de 1924 à 1929 et le Nasdaq est passé de 1000 points de base à 5000 points de base de 1995 à 2000. On assiste ensuite à une correction de 85% dans chacune des bourses et au cours des 3 années qui  suivent, soit jusqu’à 1932 pour le Dow et 2003 pour le Nasdaq.   Dans les 5 années suivantes, soit de 1932 à 1936 pour le Dow Jones et de 2003 à  2007 pour le Nasdaq, ils doublent puis  à nouveau plonge de moitié dans l’année qui a suivi.

Voici la partie intéressante : du bas de 1937 le Dow a rebondi de 49% dans les 7 mois qui ont suivi.  Donc si la comparaison tient, le marché devrait rebondir de manière significative.  Toujours selon Mandelman, nous ne sommes pas à une période qui suit une bulle boursière mais à une crise suivie d’un revirement rapide.  Le marché regardera 9 mois à l’avance ce que l’économie nous annonce pour 2009 et nous assisterons à une forte croissance malgré l’incrédulité actuelle. »   Avner Mandelman, 25 octobre 2008

Bien que la comparaison de Mandelman entre le Dow Jones et le Nasdaq ait ces limites, je partage sa vision que nous sommes dans une crise de crédit sévère mais pas dans une correction de bulle boursière, et que les actions ont descendu beaucoup trop.

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