Pascal Charpentier

Dans la première partie de ce texte, j’ai résumé une partie de la lettre financière de la lettre de Warren Buffett qui traitait de l’assurance. Dans cette suite, je vais m’attarder sur la section tout aussi instructive qui parle des journaux.

Dans un monde où les journaux traditionnels sont en déclin, Berkshire a fait l’acquisition de 28 quotidiens au cours des 15 derniers mois! Cela peut sembler à priori contradictoire avec les propos de Warren Buffett des dernières années, dans lesquels il affirmait que ce secteur allait continuer de décliner. Bien qu’il continue à penser la même chose, cela ne l’empêche pas de saisir des opportunités de placements dans ce domaine. En effet, les gens était tellement convaincus que les journaux disparaîtraient qu’une compagnie comme Gannett, qui faisait 4$ de profit avant la crise et qui se transigeait à 60$, a décliné en 2009 jusqu’à 2,50$, alors qu’elle faisait encore 2,25$ de profit! Selon Buffett, les journaux contiennent de l’information importante et il y aura toujours des gens prêts à payer, peu importe la source de diffusion. Les gens sont prêts à payer même s’ils n’utilisent qu’une infime partie du contenu, car on y retrouve encore des informations qui n’existent pas ailleurs. Bien qu’internet ait capturé une partie importante des revenus publicitaires des journaux, il ne s’est pas pour autant substitué à ces derniers. Plusieurs volets de reportages n’ont en effet jamais été remplacés. Vous n’avez qu’à penser aux informations locales. Pourtant, tout cela n’a pas empêché les journaux de décliner fortement au cours des dernières années. Selon le PDG de BRK, ce serait en grande partie de leur faute. Offrir gratuitement le contenu de leur journal sur internet mais en continuant de charger pour la version papier, a poussé les abonnés fidèles vers la version gratuite. Cette décision insensée des gestionnaires de journaux a été la source principale du déclin important que nous avons connu. La baisse de circulation a amené ces effets pervers : moins de tirage, donc moins de revenus de publicité, donc moins de bénéfices, donc baisse de contenu.

Comme le mentionne Monsieur B., il y a eu quelques exceptions. Par exemple le Wallstreet Journal et l’Arkansas Democrat-Gazette ont rapidement imposé un modèle internet payant, ce qui leur a permis de mieux retenir leur tirage que la compétition. Malgré ces modèles de réussite, les autres quotidiens de qualité ont tardé à faire cette transition logique. Par contre, ceux qui ajusteront leur stratégie sur internet et maintiendront la qualité de leur contenu seront viables à long terme, car les consommateurs continueront de débourser peu importe le format. En contrepartie, les journaux qui baisseront leur couverture et leur qualité continueront de décliner. Comme la crise l’a fait dans bien d’autres domaines, ce phénomène opérera une sélection naturelle dans le monde des journaux, laissant en place les journaux de qualité qui auront su s’ajuster. Il y a aura toujours des journaux qui produiront des flux de trésorerie stables et c’est ce que monsieur Buffett recherche avant tout lorsqu’il fait un investissement.

Peut-être est-ce le fruit du hasard, mais la sortie de ce rapport a coïncidé la semaine dernière avec une poussée sur le titre Gannett, dans lequel je suis investi depuis plusieurs années. Gannett (GCI-N) est propriétaire du USA Today et d’autres petits journaux, et a réussi à maintenir une rentabilité, bien qu’amoindrie, tout au long de la dernière crise financière.

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