Vendredi dernier à Québec, j’ai eu la chance de rencontrer Charles Brandes, gestionnaire américain et deuxième plus célèbre élève de Benjamin Graham (père de l’analyse fondamentale) après Warren Buffet. Le personnage n’est pas très flamboyant mais il est très pertinent. Voici quelques uns de ses propos tenus au cours de la rencontre.
Avec tout le brouhaha des dernières années, il est essentiel que les investisseurs reviennent à la base de l’investissement, qui est de s’en tenir aux fondements des compagnies dans lesquelles ils sont investis. Pour cela, vous devez ignorer tous les bruits qui courent et les nouvelles politiques et économiques dans lesquelles vous vous noyez. Vous devez vous voir comme le propriétaire de chacune des compagnies dans lesquelles vous êtes investi au lieu de vous voir comme le détenteur temporaire d’une action cotée en bourse. Votre tendance à suivre les statistiques économiques vous éloigne de la clairvoyance nécessaire pour être un bon investisseur. Arrêtez de vous en faire avec ce que Ben Bernanke fait ou pense. Attardez-vous plutôt sur ce que les bons dirigeants d’entreprises font, c’est-à-dire faire croître leur entreprise et améliorer leur bilan financier.
Les 5 à 10 prochaines années seront des années de placement fantastiques. L’Europe offrira beaucoup de possibilités, ainsi que les États-Unis, notamment dans le secteur financier et les secteurs technologiques. Microsoft et Intel sont 2 exemples de titres à notre portefeuille avec un potentiel fort intéressant et qui se transigent avec un cours/bénéfice peu élevé.
Selon Brandes, les investisseurs actuels sont devenus de plus en plus des spéculateurs. Très peu développent l’attitude de l’investisseur sérieux, car cela demande un minimum de patience que peu ont. Les titres valeur peuvent souvent être évalués sur une longue période en-deçà de leur véritable prix, et lorsque cela s’éternise sur quelques années, la plupart se découragent et laissent tomber l’approche valeur.
Lors de sa présentation, un graphique m’a fortement impressionné. Il s’agit de celui qui montre l’écart entre le rendement annualisé de l’indice MSCI mondial croissance, et le MSCI mondial valeur sur une période de 25 ans. Comme vous pourrez le constater, le rendement valeur surperforme en moyenne par rapport à l’approche dite de croissance. Par contre, il y a toujours des périodes telles que celle de 1990 et 1991 ou celle de 1998 à 2000, où les titres de croissance ont battu en moyenne les titres de valeur. Normalement ces périodes sont de courte durée, mais actuellement il y a une anomalie majeure puisque dans les 6 dernières années, ou presque, les titres de croissance ont surperformé versus les titres de valeur. Cela peut expliquer pourquoi il y a tant d’écart entre le cours/bénéfice des titres de valeur versus celui des titres de croissance. Comme la tendance finit toujours par s’inverser et reprendre sa place, cela est de bon augure pour les titres valeur, c’est-à-dire ceux qui se transigent avec des cours/valeurs comptable et cours/bénéfice peu élevés.