Pascal Charpentier

Répéter est la meilleure façon d’intégrer.

Dans mes derniers billets, je suis souvent revenu sur l’importance du ratio cours/bénéfices et sur l’impact à long terme des rachats d’actions. Mais l’expérience m’a montré que dans les périodes boursières plus difficiles, et surtout lorsque le discours ambiant est souvent contradictoire, on a besoin de se faire rappeler plus régulièrement notre ligne de mire.  Voici donc quelques chiffres qui vont vous démontrer la pertinence d’acheter des compagnies ayant des multiples cours/bénéfices peu élevés et qui ont la discipline de racheter massivement leurs actions.

Selon Georges Athanassakos, dans le Globe and Mail du 18 février dernier, parmi les titres canadiens, les titres valeur (c’est-à-dire ceux qui ont les cours/bénéfices les plus bas) ont surperformé en moyenne de 11% par année les titres avec les cours/bénéfices les plus élevés, de 1986 à 2014, une statistique qui ne peut pas être plus éloquente. Cela tend à montrer que de tout temps, le marché évalue très mal les titres, ce qui crée des disproportions assez spectaculaires pour le prix payé pour les bénéfices d’une compagnie à l’autre. Selon Monsieur Atanassakos, l’écart de performance se réduit à notre conviction que les choses perdurent sans changement dans les tendances positives comme négatives. Le ratio cours/bénéfice de certaines compagnies suggère que les courbes de croissance seront élevées et sans faille pour toujours, alors que pour les titres avec de bas cours/bénéfices, elles sont supposées être éternellement dépourvues de croissance. Le ratio cours/bénéfices est normalement supposé représenter un lien mathématique direct avec le pourcentage de croissance anticipé. Mais puisque les investisseurs sont incapables d’évaluer avec exactitude les probabilités de croissance réelles, cela crée des écarts anormaux entre les titres valeur et les titres de croissance. Les investisseurs sont sur-optimistes sur les titres de croissance et sur-pessimistes pour les titres valeur. Selon le professeur en finance de la Richard Ivey School, la majorité des titres croissance finissent par décevoir les attentes irréalistes des investisseurs, et ces derniers finissent par les vendre à la baisse. Ces titres, ayant perdu leur attrait, glissent peu à peu en zone valeur, c’est-à-dire avec des cours/bénéfices peu élevés. Les compagnies Walmart et Walgreen en sont des exemples frappants. Pour Walgreen, en l’espace de 8 ans de 2004 à 2012, son cours/bénéfice est passé de 36 fois à 10 fois, pour finalement revenir 4 ans après à 20 fois. Il est impressionnant de penser qu’une compagnie avec une si grande qualité ait varié autant avec son cours/bénéfice. Ceci démontre l’instabilité des investisseurs. Il va sans dire que les investisseurs qui ont acheté ce titre au moment où il était une vedette de Wall Street, à 36 fois les bénéfices, n’ont pas fait les profits de ceux qui l’ont acheté au moment où il était un titre boudé, à 10 fois les bénéfices.

Dans un article du Globe Investor du 17 février dernier, Normand Rothery expose des statistiques fort éclairantes sur l’impact des rachats massifs d’actions sur le rendement des compagnies en bourse. Un portefeuille constitué des 10 titres américains effectuant le plus de rachat d’actions aurait généré un rendement de 13% de 1927 à 2009, alors qu’un portefeuille avec les 10 titres ayant le moins racheté ses actions aurait performé de 6,1% au cours de la même période. À titre d’indication, le marché américain aurait généré 9,7% au cours de cette période. Dans son billet, Rothery mentionne que le champion canadien du rachat d’actions au cours des  dernières années serait la compagnie de vente au détail BMTC qui a réduit en moyenne de 10% par année le nombre de ses actions. Ce phénomène expliquerait en grande partie la surperformance de cette compagnie en bourse au cours des 2 dernières décennies. Le fait d’avoir passé par de longues périodes de latence et de sous-évaluations a permis à la compagnie de racheter plus massivement son titre. Nous sommes actuellement dans une de ces périodes sans engouement sur ce titre. Pour l’avoir vécu à deux autres reprises, il finit toujours par exploser après une longue période de jachère.

Chiffres à l’appui, vous avez donc un énorme avantage à être investis dans des titres avec des ratios cours/bénéfices bas, et qui en plus rachètent massivement leurs actions. Voici une formule simple mais gagnante : elle demande tout simplement de la conviction et un peu de patience. Il peut y avoir des périodes où cette approche ne donne pas les résultats escomptés à court terme, mais elle finit toujours par reprendre le dessus avec le temps.

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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un conseiller en placements et gestionnaire de portefeuille pour l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles du gestionnaire de portefeuille uniquement et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.

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