Pascal Charpentier

Il y a plusieurs causes à la morosité et à l’instabilité des marchés en ce moment.  Je vous ai mentionné dans des textes précédents l’effet de concentration de l’investissement indiciel dans lequel des méga compagnies beaucoup trop chères reçoivent encore le gros des placements en bourse.  Avec pour résultat que pour l’instant, le prix des titres ne suit pas du tout les fondements financiers des compagnies.  Un autre phénomène qui vient fausser  les marchés est que le drame psychologique de la dernière grande crise amène encore les gens à anticiper le pire scénario, et il n’est  pas exceptionnel de voir une compagnie baisser de 50 % alors que ses profits ont été ajustés à la baisse de seulement 10 %.  Une telle démesure s’explique également  par une mode chez certains gestionnaires spéculateurs qui utilisent les ventes à découvert de façon disproportionnée.  Ce texte s’attardera à cette réalité qui joue présentement un grand rôle dans la volatilité de plusieurs titres.

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Pour ceux qui l’ont oublié, une vente à découvert (short selling) est une mécanique par laquelle on vend à l’avance un titre qu’on ne possède pas, en misant sur la baisse du titre et avec la condition de le racheter éventuellement. Les spéculateurs empruntent aux banques des actions afin de les vendre à découvert. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les firmes acceptent de prêter les actions de leurs clients – sans leur autorisation–  contre rémunération afin que les spéculateurs puissent les vendre. Sur une mauvaise nouvelle, l’arrivée de ces vendeurs artificiels augmente de façon disproportionnée le nombre de vendeurs par rapport au nombre d’acheteurs, ce qui  amène inévitablement une baisse sur le titre. Ce ne sont pas les propriétaires des actions qui font baisser leurs titres, mais plutôt les spéculateurs qui les empruntent. Pourtant, le risque pour ces vendeurs est illimité. À mesure que le nombre d’actions vendues à découvert augmente, le risque devient de plus en plus grand car il faut savoir qu’à n’importe quel moment, ces actions prêtées peuvent être rappelées par leur courtier de la firme prêteuse. Et cela peut justement arriver au pire moment, où tous les courtiers en même temps demandent à leurs vendeurs à découvert de leur redonner les actions prêtées.

Lorsque cela arrive, tout le monde court vers la sortie, mais il n’y pas de place pour tout le monde. Imaginez la cohue lorsque toutes les firmes demandent  en même temps à leurs vendeurs à découvert de leur redonner les actions prêtées ! La panique s’installe car tout le monde doit acheter en même temps ce qu’ils ont emprunté et vendu, et les prix explosent littéralement. Je vous ai déjà raconté l’histoire de Volkswagen dans laquelle les vendeurs à découvert s’étaient fait prendre dans une situation semblable, en octobre 2008. En l’espace de 2 jours, l’action avait multiplié par 5 fois.

 

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Seekingalpha.com

En novembre 2015, un phénomène encore plus spectaculaire a eu lieu avec la compagnie Kalobios Pharma, pourtant en faillite, qui a vu son titre passer, en l’espace de 3 jours, de 44 cents à 45$ !

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Lorsqu’une action s’apprécie de 100 fois et que vous êtes du mauvais côté, les conséquences peuvent être catastrophiques. Il est préférable dans un tel scénario d’être l’actionnaire que d’être le vendeur à découvert.  N’oubliez jamais  que dans de nombreux dossiers de compagnies rentables le temps joue en faveur de l’actionnaire.

Sans aucun doute, le contexte négatif actuel a permis à la démesure de s’installer dans les ventes à découvert. Le phénomène est devenu une mode.  Sur plusieurs compagnies, les excès ont atteint des niveaux dangereux et tant qu’il n’y aura pas quelques accidents majeurs, les spéculateurs vont continuer ce jeu imprudent. Voici un exemple parmi plusieurs d’une compagnie dans la vente au détail qui pourrait être une opportunité d’être actionnaire. Le titre des magasins Dillard’s (DDS), qui a connu une croissance spectaculaire au cours de la dernière décennie, a chuté dramatiquement au cours des 2 dernières années, sur des résultats qui, bien que bons, ont déçu les investisseurs.   Avec pour résultat que les positions à découvert sont passées au cours des 2 dernières années de 1.01 millions à  7.93 millions d’actions. (https://www.gurufocus.com/ownership/NYSE:DDS)   Il reste actuellement  25.1 millions d’actions dans la compagnie et lorsque l’on soustrait les propriétaires, les fonds indiciels et les investisseurs institutionnels, il ne resterait que 10.8 millions en libre circulation.  Enfin, si on soustrait les ventes à découvert, il  resterait moins de 3 millions d’actions dans le décompte.  **

Le danger des ventes à découvert augmente encore davantage quand la compagnie rachète à un rythme fulgurant ses actions sur le marché comme cela est le cas avec Dillard’s.   Cette dernière, rachète  1,5 millions d’actions par trimestre. La compagnie est donc en train de refermer le piège sur les vendeurs à découvert. À ce rythme, le décompte sera négatif d’ici 2 trimestres, c’est-à-dire que le nombre d’actions vendu à découvert sera alors supérieur aux actions en libre circulation. Ce n’est certainement pas un hasard si des gestionnaires célèbres se positionnent dans ce genre de titres survendus à découvert dans l’espoir d’être aux premières loges lorsque le « squeeze » arrivera. Par exemple, David Einhorn a acheté pour 2,5 millions d’actions dans le titre de Dillard’s au cours des derniers trimestres. (news.morningstar.com.14 août 2017 ) Ce même Einhorn s’était fait prendre en vendant à découvert Volkswagen. Cette fois-ci, il s’est placé de l’autre côté du prisme. Si les pertes des vendeurs à découvert sont illimitées, cela veut aussi dire que les gains des actionnaires le sont également !  Derrière la morosité actuelle dans le secteur de la vente au détail se trame un scénario de retournement majeur sur plusieurs compagnies qui sera causé par le débordement et la folie des vendeurs à découvert.  Pour l’instant, Le marché est convaincu qu’il s’agit d’un secteur à éviter mais dans les faits on est probablement devant une pépinière d’opportunités  exceptionnelles!

**  Historiquement, on considère que le seuil dangereux est franchi lorsque plus de 6 ou 7% du nombre d’actions est vendu à découvert, la compagnie Dillards est vendue à 31.5 % à découvert…

N’hésitez pas à communiquer avec nous pour découvrir notre offre en placement. Il nous fera plaisir de vous aider à saisir des opportunités sur les marchés financiers.

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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un conseiller en placements et gestionnaire de portefeuille pour l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles du gestionnaire de portefeuille uniquement et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.

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