Pascal Charpentier

Au cours des 2 dernières décennies, nous avons été témoins de plusieurs spirales financières, phénomène financier dans lequel tout le capital financier est attiré dans une seule direction, comparable à une force centrifuge qui attire tout autour d’elle.

La plupart des gens qui y participent ne s’en rendent compte qu’après que la force ait implosé. Par exemple, très peu de gens qui ont participé au marché immobilier et hypothécaire américain des années 2000 ont réalisé qu’ils participaient à une spirale financière dangereuse. Quelques individus seulement avaient découvert l’étendue des problèmes dans le secteur hypothécaire, dont le gestionnaire Michael Burry, qui est le personnage central du livre « Big Short » de Michael Lewis, écrit en 2010 et adapté au cinéma en 2015. Dans ses analyses, Burry avait découvert que les firmes de placement revendaient sous forme de placements sécuritaires les hypothèques à risque qu’elles avaient achetées des banques.

Lorsqu’il réalise que ces produits sont cotés comme très sécuritaires alors qu’ils ne le sont pas du tout, le gestionnaire cherche un moyen pour capitaliser sur la banqueroute future de ces produits. Il découvre alors que des compagnies d’assurance sont prêtes à l’assurer pour un prix dérisoire, sur un produit voué à un échec imminent ! Comme l’auteur du livre nous le mentionne, Burry est un des rares à avoir compris qu’une spirale diabolique s’était installée dans le système hypothécaire américain.

Voilà en gros comment ça s’est déroulé. Les banques, voulant se débarrasser de leurs hypothèques dangereuses, ont vendu à des firmes de placement cet ensemble d’hypothèques. Ces firmes les ont alors emballées dans des produits financiers où elles étaient camouflées parmi des hypothèques standards, et ont convaincu des firmes de cotation célèbres de donner une cote ultra sécuritaire à ce montage financiers dangereux. La présence d’hypothèques risquées permettait un bon rendement et ces produits financiers se sont vendus comme des petits pains chauds. Les firmes de placement ont même demandé aux banques de leur fournir davantage d’hypothèques à risque élevé pour pouvoir continuer de fournir la demande !

Burry décide donc d’investir des sommes importantes de son fonds Scion capital contre ces placements hypothécaires. Pendant 3 ans, son investissement ne rapporte rien. Il perd même des capitaux momentanément puisque le produit est mal évalué. Ses clients s’impatientent. Dans le film, on voit alors débarquer le célèbre gestionnaire Joël Greenblatt, rebaptisé Lawrence pour le cinéma. Comme vous pourrez le voir dans l’extrait que je vous mets en lien, https://www.youtube.com/watch?v=pLLgNi5UmB0. ce dernier poivre d’insultes Michael Burry sur ses décisions, même s’il est lui-même est une sommité du monde du placement. Il n’a pas assimilé ce que Burry a approfondi dans ses recherches. Finalement, des mois plus tard, le marché hypothécaire et bancaire s’effondre et Burry remporte le magot. Le film se termine sur les images de Burry qui annonce à ses clients qu’il ferme sa gestion et qu’il leur retourne leur argent. On le voit auparavant écrire à Grennblatt, en lui disant qu’il lui envoie un chèque de 489 millions pour sa part des profits. Comme le dit Burry, même s’il a eu raison, le temps que les choses se matérialisent a eu le dessus sur plusieurs relations avec des personnes qu’il admirait.  Voici le lien. https://www.youtube.com/watch?v=dlbG6G_iHLU.   Un film remarquable.

Présentement, nous sommes aux prises avec une autre spirale financière sur les marchés avec le phénomène indiciel. Depuis 2010, la majorité des capitaux qui entrent dans le marché financier passent par l’entremise des indices. Les gens croient qu’ils sont investis de façon diversifiée et sécuritaire dans 500 compagnies, mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que les indices sont constitués selon la capitalisation boursière. Alphabet (Google) et Apple valent plus de 1,6 trillions en bourse. Ces compagnies ont donc un très grand poids dans l’indice : pour être exact, 300 fois plus qu’une compagnie qui est aussi dans l’indice et que nous détenons, Autonation, et 28 fois plus que GM. En réalité, les 12 plus grosses compagnies du Standard & Poor’s constituent 24% de l’indice, et  plusieurs se transigent à des ratios financiers démesuré,   comme Amazon qui est à plus de 300 fois ses bénéfices de 2017,  à elle seule, elle pèse pour 3.05 % dans l’indice ! On peut donc considérer que si vous investissez dans l’indice, vous investissez une  partie importante de votre argent dans des compagnies avec des ratios élevés. Par conséquent, lorsque l’on dit que la bourse est chère, il faudrait spécifier que les indices sont chers  à cause de ces grandes capitalisations qui pèsent indûment sur l’indice. Il s’est installé une spirale dans laquelle plus les gens achètent l’indice, plus les grosses capitalisations s’apprécient, jusqu’à temps que cette spirale déraille aussi.

Comme ce fut le cas pour l’entourage de Michael Burry en 2005-2006, peu de gens comprennent ce qui se passe actuellement. Tout le monde semble voir ce marché comme un bloc monolithique, mais ce n’est pourtant pas le cas. Ce marché est en manque d’intelligence, et comme toujours, il finira par s’ajuster. L’argent se déplacera alors des choses trop chères vers celles qui ne le sont pas assez. Les algorithmes mathématiques qui gèrent beaucoup de transactions sur le marché finiront par trouver la voie de la valeur ajoutée.   Il ne faut pas sous-estimer la rapidité avec laquelle les marchés peuvent se rééquilibrer.

Sources:
http://siblisresearch.com/data/total-market-cap-sp-500/
The Big Short: Inside The Doomsday Machine, Michael Lewis

N’hésitez pas à communiquer avec nous pour découvrir notre offre en placement. Il nous fera plaisir de vous aider à saisir des opportunités sur les marchés financiers.

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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un conseiller en placements et gestionnaire de portefeuille pour l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles du gestionnaire de portefeuille uniquement et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.

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