Pascal Charpentier

Un excellent article du Globe Investor, écrit par Normand Rothery, de la firme de placements Stingy Investors, a attiré mon attention au retour de mes vacances.

Dans son article, Monsieur Rothery évalue la performance d’un portefeuille de 20 actions ayant les meilleurs critères valeurs sur une période de 15 ans, soit de 2002 à 2017 inclusivement. Se basant sur 8 critères classiques de placement valeur (cours/bénéfices bas, cours/flux de trésorerie bas, valeur au livre élevé par rapport au prix payé, etc.), Monsieur Rothery a évalué le rendement obtenu par les 20 titres les plus performants de chaque année pour chacun des critères. Les résultats sont assez surprenants.

Voici un tableau présentant les résultats pour le critère du cours/flux de trésorerie le plus bas, c’est-à-dire les 20 compagnies générant le plus de profits d’opérations par rapport au prix payé. Le flux de trésorerie par action se rapproche généralement du bénéfice net par action (il est en moyenne 25% plus élevé).  Une des différences majeures concerne les amortissements, qui sont une dépense réduisant le résultat du bénéfice net. Comme il ne s’agit pas d’une sortie d’argent, ces montants ne sont pas soustraits dans le résultat des flux de trésorerie. Cela peut donner un résultat parfois assez différent. Dans un précédant texte, j’avais donné l’exemple de Verizon pour qui c’est le cas. En effet, en 2017, la compagnie a fait 3.74 $ de profits par action contre 7.91 $ de flux de trésorerie par action. La comparaison entre les deux ratios nous apporte parfois des informations très pertinentes sur le portrait financier de la compagnie.

Rendement comparatif sur 15 ans

2003 à 2007 2008 à 2012 2013 à 2017 Moyenne sur 15 ans
Portefeuille de 20 titres avec cours/flux de trésorerie bas 27% 18,4% 8,5% 17,7%
Indice Standard & Poor’s TSX 18,3% 0,8% 8,6% 9%

Norman Rothery, PhD, CFA,  StingyInvestor.com.

Comme vous pouvez le constater, la moyenne du portefeuille avec 20 titres générant plus de profits d’opérations que l’indice a performé du double par rapport à l’indice sur une moyenne de 15 ans.

Ce qui est frappant est l’inégalité des périodes. Au cours des deux premières périodes de 5 ans, la méthode valeur, qui consiste à acheter des titres générant le plus de flux de trésorerie par rapport au prix payé, a battu considérablement le rendement général de l’indice, scénario qui correspond à la tendance habituelle. L’anomalie arrive dans la dernière période, où l’indice a légèrement mieux performé que les titres ayant beaucoup de flux de trésorerie pour le prix payé. Le travail de monsieur Rothary a confirmé que le marché est depuis quelques temps inefficace à mesurer la valeur intrinsèque des compagnies. La mathématique financière n’a jamais été aussi déphasée depuis 18 ans. Si on accepte que l’histoire soit un guide, et que l’on regarde les résultats à long terme de l’approche valeur, il est à prévoir que plusieurs titres devraient reprendre éventuellement le terrain perdu au cours des dernières années, comme cela est arrivé en 2000 lorsque les titres techno se sont effondrés et que les titres valeur se sont emballés. Pour ceux qui désirent lire l’article complet, voici le lien:

Source :   https://www.theglobeandmail.com/investing/markets/inside-the-market/article-seven-simple-value-investment-strategies-that-walloped-the-market-over/

Image: Joseph Wright of Derby 1766, A philosopher giving lecture.

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