Le marché financier fait face à un fort vent de face depuis le début de l’année et plusieurs investisseurs nous demandent: “Sommes-nous dans un creux de marché?”, “La crise boursière a-t-elle créé des opportunités?”, “Est-ce le temps de déployer les liquidités mises de côté?” Cela fait presque un an et demi qu’une grande partie des portefeuilles de notre clientèle est en-dehors des marchés, et avec la chute des derniers mois, il est normal de ressentir de l’impatience à y retourner: on ne veut surtout pas manquer une éventuelle remontée… Or, à mon avis, il serait encore très imprudent d’investir en bourse dans le contexte actuel.
Bien que la majorité des valeurs boursières se soient partiellement dégonflées dans la première moitié de l’année, il y a encore énormément d’incertitudes pour les compagnies et on est vraiment loin de se retrouver sur un terrain d’aubaines comme ceux des derniers post-crises (de 2001 à 2007, et de 2009 à 2016). Rappelons que les entreprises doivent faire face à de nombreux défis qui ne font que se multiplier et qui mettent en péril leur rentabilité, voire leur survie pour plusieurs d’entre elles. Les résultats décevants du 1e trimestre de Walmart, Target, Amazon, pour ne nommer que ces compagnies-là, ont témoigné du changement de vent dans le milieu corporatif. En plus des difficultés déjà présentes (pénuries de main d’œuvre, nœuds dans la chaîne d’approvisionnement, hausse du prix des salaires et des matières premières, difficulté à refiler totalement la facture aux clients, etc.), les compagnies devront maintenant jongler avec la hausse substantielle des taux d’intérêt, qui augmente leur coût d’emprunt. Rappelons que depuis 15 ans, le levier de dette a été massivement utilisé pour mousser la rentabilité des compagnies et la valeur des actions. Or désormais, les charges d’intérêts élevées risquent de devenir un véritable poison pour les bénéfices des compagnies qui ont une dette importante au bilan, non seulement à cause des taux d’intérêt qui augmentent, mais également à cause de l’écart de crédit qui augmente au fur et à mesure que la confiance des investisseurs diminue. Ajoutez à cela la récession qui semble se pointer le nez, et vous comprendrez que dans ce contexte, tenter de trouver des opportunités de placement relève de la spéculation.
Ce graphique vous présente l’évolution des écarts de crédit depuis une vingtaine d’années, c’est-à-dire l’écart de rendement exigé entre les obligations de haute qualité (ex. : gouvernementales) et les obligations à rendement élevé (« junk bonds »). On voit que lorsque la confiance des investisseurs est bonne, ces derniers sont prêts à prêter leur argent facilement peu importe le niveau de risque. Au contraire, lorsque leur confiance est ébranlée (2001-2002, 2009, 2020), ils deviennent frileux à prendre des risques et demandent un rendement beaucoup plus élevé s’il y a des menaces d’insolvabilité. Pour les compagnies (surtout celles moins bien cotées), un écart de crédit qui s’élargit agit comme une hausse de taux d’intérêt supplémentaire. Le tableau nous indique que l’écart est actuellement à un niveau raisonnable mais en croissance, et reflète le niveau de confiance actuel des investisseurs dans la solidité des compagnies. Dans l’éventualité d’une récession, l’écart devrait s’accentuer substantiellement dans les prochains mois. Ce qui complique le tout, c’est que l’écart augmente cette fois dans un contexte de hausse de taux d’intérêts accélérée. Le choc est donc décuplé pour les compagnies. À titre d’illustration de ce phénomène, le taux de financement exigé pour les obligations à rendement élevé est passé de 4,43% à 9,52% depuis un an! Toute une marche à monter! Si les taux d’intérêt et l’écart de crédit continuent d’augmenter, cela pourrait être fatal pour de nombreuses compagnies dont les montages financiers reposent sur un levier de dette important, et on pourrait voir se multiplier les faillites, comme ce fut le cas en 2009-2010.
Pour toutes ces raisons, je crois que la patience est encore de mise pour l’investisseur prudent, et que cette patience sera certainement récompensée lorsque les aubaines envahiront le marché. Par expérience, quand le contexte est difficile, on a le temps de voir venir les états des résultats et prendre des décisions éclairées à la lumière des chiffres car souvent, même si les résultats sont à nouveau exceptionnels, les investisseurs peuvent bouder les actions un certain temps, comme ce fut le cas avec Canadian Tire de 2010 à 2013.
Nous surveillerons donc de près la sortie dans les prochaines semaines des résultats du 2e trimestre des compagnies, ainsi que les indicateurs de confiance des investisseurs tels que les écarts de crédit, sans oublier l’évolution de la situation économique. Le PIB du 2e trimestre, notamment, qui sortira le mois prochain, confirmera si nous sommes officiellement en récession. La FED d’Atlanta s’est d’ailleurs déjà prononcée sur le fait que nous serions officiellement en récession. Dans un cas de récession, il sera très intéressant de voir comment les banques centrales se positionnent entre la lutte contre la récession ou celle contre l’inflation. Les prochains mois seront déterminants pour donner le ton au marché boursier et orienter nos décisions.
N’hésitez pas à communiquer avec nous pour découvrir notre offre en placement. Il nous fera plaisir de vous aider à saisir des opportunités sur les marchés financiers.
Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un gestionnaire de portefeuille et conseiller en placements pour iA Gestion privée de patrimoine inc. et ne reflète pas nécessairement l’opinion de iA Gestion privée de patrimoine inc. L’information contenue dans le présent bulletin provient de sources jugées fiables, mais nous ne pouvons pas garantir son exactitude ni sa fiabilité. Les opinions exprimées sont fondées sur une analyse et une interprétation remontant à la date de publication et peuvent changer sans préavis. De plus, elles ne constituent ni une offre ni une sollicitation d’achat ou de vente des titres mentionnés. L’information contenue dans le présent document peut ne pas s’appliquer à tous les types d’investisseurs. Le conseiller en placements ne peut ouvrir des comptes que dans les provinces où il est inscrit.
iA Gestion privée de patrimoine inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières. iA Gestion privée de patrimoine est une marque de commerce et un autre nom sous lequel iA Gestion privée de patrimoine inc. exerce ses activités.