Lors d’une rencontre du comité des finances du Sénat aux États-Unis le 16 mars, Janet L. Yellen, présidente du Conseil des gouverneurs de la FED, a réfuté la possibilité de s’engager à protéger tous les dépôts bancaires de toutes les banques américaines, grosses ou petites (voir l’entrevue : Les déposants des petites banques en difficulté seront-ils protégés?). Dans cette conversation, le sénateur James Langford lui a d’abord demandé si le gouvernement sauverait toutes les banques américaines en difficulté comme il l’a fait pour SVB (Silicon Valley Bank). Madame Yellen a répondu que les membres du FDIC et elle-même devaient voter les cas individuellement. On doit dans chaque cas juger du danger de risque systémique relié à une éventuelle faillite de la banque concernée.
Exode des capitaux des petites banques américaines vers les grandes
Le sénateur a ensuite soulevé l’enjeu créé par cette façon d’agir. En effet, elle encourage les personnes ayant de gros comptes à transférer leur argent des petites vers les grosses banques. Ces dernières se retrouvent ainsi favorisées par l’élite politique. À cela, Yellen a répondu que ce n’est pas ce qu’ils encourageaient. Langford a alors répondu: « C’est ce qui se produit en ce moment, car on assure les dépôts dans les grandes banques, mais pas dans les petites ». Yellen a confirmé par la suite que les dépôts des petites banques ne sont pas pleinement garantis.
Une conversation qui crée un choc parmi les épargnants
Les propos de Janet Yellen ont créé un émoi parmi les épargnants. En effet, quelques jours plus tôt, le dimanche, la secrétaire au Trésor avait annoncé qu’on mettrait à disposition des fonds supplémentaires pour les institutions de dépôt éligibles. On voulait ainsi garantir aux banques américaines en difficulté la capacité de répondre aux besoins de tous leurs déposants. Cette déclaration avait été rapidement interprétée comme une assurance de garantie pour les dépôts de toutes les banques. Yellen est donc venue confirmer que ce n’était pas le cas. Résultat : dans les derniers jours, l’exode des capitaux des petites banques vers les grandes banques s’est encore accélérée.
Janet Yellen tente de payer les pots cassés
Hier matin, Janet Yellen a accordé une nouvelle entrevue. Elle a tenté de s’y montrer rassurante, consacrant plusieurs minutes à l’éloge de la force du système bancaire américain. Puis, elle a dit cette phrase pour clarifier ses propos du 16 mars : « Les mesures que nous avons prises ne visaient pas à aider des banques en difficulté spécifiques ou des catégories de banques. Notre intervention était nécessaire pour protéger l’ensemble du secteur bancaire américain. Et des actions similaires pourraient être justifiées si les petites institutions subissent des ruées vers les dépôts qui présentent un risque de contagion. »
Toujours pas de garantie additionnelle pour les dépôts des petites banques en difficulté
On comprend donc que la porte n’est pas fermée pour « sauver » les dépôts d’une petite banque en difficulté. Mais à la condition que cela présente un « risque de contagion »… Ce diagnostique dépend d’un vote du comité de la FDCI. Ces propos se veulent rassurants mais réitèrent l’absence de garantie véritable des dépôts au-delà de la protection prévue légalement. Et cela, alors même que le risque de multiplication de faillites dans le système bancaire demeure élevé.
Rappelons que c’est la rapidité de la hausse des taux d’intérêt (et la chute de confiance qu’elle a provoquée) qui est la cause de la faillite de la SVB (comprendre l’effet inverse des taux d’intérêt sur le rendement). Cet enjeu concernent toutes les banques. C’est donc tout le système bancaire qui fait face au même défi en ce moment. Mais les petites banques, elles, doivent en plus faire face au problème de fuite des capitaux. Il faut donc s’attendre à encore de la volatilité dans le secteur bancaire dans les prochaines semaines.
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