Pascal Charpentier

L’histoire de Prim Watsa de Fairfax a de quoi faire réfléchir.  En 2005-2006 la compagnie a été victime de plusieurs Hedge Funds qui ont essayé de faire couler son action en bourse.  Lors de cette expérience Watsa a vu jusqu’où les gestionnaires de fonds de couverture étaient prêts à aller pour arriver à leurs moyens : rapports d’analystes biaisés qui prédisaient la faillite de la compagnie.  Il s’en est suivi une bataille vicieuse de la part des spécialistes de la vente à découvert qui colportèrent que Watsa était un voleur.  Ce dernier a été forcé à se défendre par la voie des tribunaux, cause qui est toujours en délibération à l’heure actuelle.  Cette guerre personnelle face aux Hedge Funds a prouvé à Prim Watsa que les rumeurs et calomnies pouvaient venir à bout des plus grandes institutions financières.  Pour les banques la confiance est à la base de tout, sans elle, vous êtes rapidement mis en banqueroute.  Quand les plus grandes compagnies de fonds mutuels et des gestionnaires de renom concluent furtivement que Fairfax est un château de cartes, vous pouvez imaginer que cela crée des remous sur un titre.  Ainsi, une mauvaise nouvelle colportée peut avoir des conséquences désastreuses pour une compagnie financière.  La perception devient plus forte que la vérité et la réalité devient déformée.

En 2005 monsieur Watsa est convaincu que le marché avait de mauvaises perceptions sur  bien des choses.  Entre autres il a constaté que plusieurs institutions financières avaient vendu des contrats contre défaut de paiement (communément appelés en anglais Credit Default Swap) à des niveaux fort inquiétants sur le marché financier.  Ces contrats entre deux parties sont des assurances qu’on achète afin de se protéger contre des défauts de paiement ou que l’on vend dans le but d’encaisser d’alléchantes primes.  Selon monsieur Watsa trop de spécialistes ont revendu du risque à des prix ridiculement trop bas. A titre d’exemple, les primes d’assurances qui se chiffraient autour de 2 à 3% des montants couverts se chiffrent actuellement à 25% de prime de couverture.  Ainsi beaucoup d’investisseurs et d’institutions cupides ont vendu ces instruments de risque afin d’aller chercher des liquidités supplémentaires pour réinvestir sur le marché.  L’expérience personnelle de Watsa a fait qu’il a compris avant tout le monde que ces soi-disant spécialistes avaient tout faux dans leur positionnement et leur évaluation du risque.  En calculant mal les risques financiers de tels produits Watsa a pu prendre sa revanche en se positionnant comme acheteur contre ces vendeurs de Swap avec pour résultat qu’il a empoché en novembre dernier deux milliards de profits.

Pourtant Watsa prit ces premières positions en 2005.  A la fin de 2006, son investissement avait perdu 74% de sa valeur.  Malgré cela il était tellement sûr de son coup qu’il a convaincu le conseil d’administration de Fairfax d’en acheter d’autres. Son pari et surtout sa patience allaient bientôt lui rapporter gros.  Les écarts de risque commencèrent leur ascension fulgurante à partir de juillet 2007 jusqu’à tout récemment avec pour résultat que Fairfax a remporté le plus grand succès dans le secteur financier des deux dernières années.

– Propos tiré du Magazine Report on Business de décembre .

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