Pascal Charpentier

Après l’accord passé la semaine dernière par les Américains sur le plafond de dette, on s’attendait à ce que les marchés repartent dans la bonne direction. Pourtant, c’est exactement le contraire qui s’est passé, puisque les marchés mondiaux ont sévèrement corrigé au cours des dernières séances. Essayer de synchroniser la direction des marchés me semble extrêmement difficile. Beaucoup d’investisseurs sont terrifiés par les manchettes de fin du monde et sont incapables de saisir les aubaines qui pleuvent actuellement. Dans un contexte où le rendement des obligations à long terme frôle le 2%, il est complètement farfelu de voir le prix d’actions de bonne qualité se transiger à des prix aussi bas. Certaines compagnies qui se transigeaient avant la crise à plus de 15 fois leur cours/bénéfice se transigent actuellement à 4 fois leur cours/bénéfice, et bien d’autres sociétés majeures avec une stabilité de croissance se transigent sous les 10 fois. Il s’agit d’aubaines remarquables mais personne ne semble en vouloir actuellement. L’émotion est tellement vive que les investisseurs ne sont plus à même de voir les aubaines.

Pourtant, les compagnies dans l’ensemble ont amélioré leur rentabilité au cours du dernier trimestre qui vient juste d’être publié. Ces améliorations sont passées complètement inaperçues. Force est d’admettre que la peur a plus d’emprise que tous les résultats positifs qui sont sortis. Le scénario actuel ressemble à celui de l’année dernière alors que l’on s’inquiétait sur le taux de chômage américain et les problèmes de dettes en Europe. Les investisseurs étaient devenus aussi défensifs à ce moment-là, puis tout à coup, à la fin de l’été, le marché a repris de façon spectaculaire. À mon avis, nous sommes dans un marché maniaco-dépressif qui peut partir dans tous les sens. La volatilité est tellement forte qu’elle crée des changements drastiques au cours d’une même séance.

Prendre la décision de vendre dans un marché aussi volatile et lorsque les émotions sont aussi fortes me semble dangereux à cette étape.  Cela peut nous réconforter à court terme, mais ça rend les choses encore plus difficiles à moyen terme car on ne sait plus quand réintégrer les marchés. Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Finalement, je pense que la panique sur les marchés va donner des munitions aux politiciens mondiaux afin d’apporter les modifications fiscales nécessaires pour balancer les budgets, ce qu’ils ne peuvent pas faire en temps normal.

 

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