Pascal Charpentier

Nous sommes dans un contexte où les taux d’intérêt risquent de rester bas longtemps.  L’Opération Twist, annoncée par la FED il y a plus d’une semaine vient confirmer ce fait. Cette dernière rachètera pour 400 milliards d’obligations américaines à long terme et vendra, pour compenser, des obligations à court terme. L’annonce de cette opération a instantanément fait chuter les taux d’intérêt à long terme, qui étaient déjà très bas. Par exemple, les obligations 30 ans sont passées de 3,25% à 2,75%. En posant ce geste, la FED veut maintenir les taux d’intérêt à long terme le plus bas possible afin de stimuler son économie et forcer les investissements à l’extérieur des obligations gouvernementales.

Ces taux d’intérêt anémiques constitueront un énorme défi pour les compagnies d’assurance et les fonds de pension, qui ont l’obligation de placer de façon sécuritaire. En ayant une grande partie de leurs placements dans des obligations gouvernementales, cela fera baisser la rentabilité des compagnies d’assurance et le taux de rendement des caisses de retraite. Je suis persuadé que très peu de stratèges dans les compagnies d’assurances avaient prévu il y a 10 ou 20 ans que les taux d’intérêt seraient ce qu’ils sont aujourd’hui. En effet, lorsqu’ils ont vendu des assurances vie, le taux de rendement sur les obligations était beaucoup plus élevé que maintenant. Alors leurs calculs actuariels doivent être déficitaires à l’heure actuelle et il sera certainement plus difficile d’être aussi rentable dans les prochaines années. Même chose pour ceux qui ont fait les calculs des fonds de pension. À moins qu’elles ne changent leurs politiques de placements, est-ce que les caisses de retraite, qui sont actuellement déficitaires d’en moyenne 25%, vont pouvoir continuer à verser les prestations promises?

Dans un contexte où les taux d’intérêt risquent de rester bas longtemps, cela fera ressortir l’attrait des bonnes compagnies qui offrent des rendements supérieurs. L’écart grandissant entre le rendement des obligations gouvernementales et le rendement des bonnes compagnies forcera ultimement les fonds de pension à réviser leurs politiques de placements en augmentant la partie équité dans leurs placements. En effet, les fonds de pension et les compagnies d’assurance voudront éventuellement mettre la main sur les alléchants flux de trésorerie actuels des corporations. Nous avons eu un exemple de ce genre de transactions lorsque le fond de retraite Teacher a voulu privatiser Bell Canada en 2008, transaction qui a avorté  en partie à cause de la crise de crédit mais qui annonçait tout de même ce qui allait arriver. Si les investisseurs institutionnels sont forcés à modifier leurs politiques de placements  cela aura un impact positif sur les marchés financiers. Alors si vous êtes capables de vous positionner actuellement à long terme dans ces bonnes compagnies qui offrent de la constance et des bons flux de trésorerie, vous avez la chance de profiter des bas prix actuels, car lorsque ce mouvement s’enclenchera, les chances sont minces pour que les bonnes compagnies restent à 10 fois les bénéfices.

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