Pascal Charpentier

Au cours des deux derniers mois, nous avons été aux prises avec de mauvaises nouvelles au sujet des dettes en Europe et du défaut à venir de la Grèce. Les marchés financiers ont alors anticipé l’hécatombe au niveau de la rentabilité des corporations. À partir de maintenant et pour les prochaines semaines, les résultats des compagnies sortent et nous serons en mesure d’évaluer si ces anticipations négatives étaient justifiées ou non. Si ces résultats sont aussi négatifs que le marché l’avait prévu, on pourrait connaître une autre baisse. Par contre, si les résultats n’ont pas cédé le terrain anticipé, alors la baisse importante que nous avons connue au cours des derniers mois perdra de sa raison d’être et on pourrait assister à une remontée rapide. Dans ce trimestre pas comme les autres, où les émotions ont pris largement le dessus sur le reste, la réalité des résultats financiers devrait nous donner la vérité sur les faits financiers.

Pour l’instant, les premiers résultats qui sont sortis ces derniers jours ne présentent pas l’hécatombe qui avait été annoncée cet été. Dans l’ensemble, ils sont plutôt bons. Par contre, comme je l’avais annoncé dans mon dernier texte L’opération Twist, la situation est différente pour les compagnies d’assurance. Leur modèle d’affaire ne fonctionne plus très bien dans un environnement de bas taux d’intérêt, puisqu’elles doivent placer une partie importante de leurs investissements dans des placements sécuritaires et qu’elles doivent actualiser dans leurs résultats l’impact à long terme de la baisse des taux d’intérêt.  Les résultats annoncés hier par la Sun Life donnent un avant-goût de ce problème, elle qui a enregistré 621 millions de perte au cours du dernier trimestre.

À la lumière de ces premiers résultats trimestriels plutôt positifs, on constate que les dernières années ont été un bon entraînement pour les compagnies, qui ont dû s’ajuster à un crédit plus difficile d’accès et à une économie moins forte. En effet, cela fait quatre ans qu’elles baignent dans cet environnement de transformation en accéléré. Plusieurs sociétés ont réussi cet ajustement, d’autres moins. Les résultats qui sortent présentement nous permettent de prendre le pouls de leur capacité d’adaptation au contexte économique difficile. Même si cette dernière varie d’une compagnie à l’autre, il n’y a aucun comparable à faire entre les compagnies et les gouvernements qui, eux, n’ont tout simplement pas réussi à s’adapter à ce qui se passe. On n’a qu’à regarder les problèmes financiers de plusieurs pays pour comprendre que très peu de gouvernements ont la capacité de remettre véritablement de l’ordre. De mon point de vue, le marasme des gouvernements contraste clairement avec la santé financière actuelle des compagnies en général. Bien que le contexte soit difficile, plusieurs compagnies continuent en effet de s’améliorer. Bien sûr, le fait que le gouvernement se désengage de l’économie aura un impact majeur sur la croissance dans les prochaines années. Mais soyez certains que plusieurs compagnies tireront leur épingle du jeu et les rabais que nous avons aujourd’hui disparaîtront à mesure que la reprise se confirmera aux États-Unis.

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