Depuis quelques années, on voit de plus en plus de grands investisseurs s’impliquer activement dans la gouvernance d’entreprises cotées en bourse. Le dossier très médiatisé du Canadian Pacific avec Bill Ackman en est un exemple. L’objectif de ces gestionnaires est de déverrouiller sur le marché financier la valeur cachée d’une entreprise. Pour y arriver, ils utilisent le poids de leurs actions pour exiger des rencontres avec la direction, et si cette dernière fait la sourde oreille, ils poussent plus loin en exigeant de siéger sur le conseil d’administration afin de convaincre d’autres administrateurs d’apporter des changements nécessaires pour optimiser le potentiel de l’entreprise. Dans une majorité de cas, leur présence est comme une bougie d’allumage pour l’entreprise et pour la valeur des actions. L’intervention de Bill Ackman sur le dossier de Canadian Pacific, par exemple, a eu un effet spectaculaire sur le prix de l’action du CP au cours des derniers mois.
Saviez-vous qu’il est possible de suivre les compagnies qui sont la cible d’activistes? Toutes les semaines, le journal financier Barron’s publie les nouvelles déclarations d’initiés 13 D que la Security Exchange Commission exige pour quiconque désire posséder plus de 5% de l’actionnariat d’une compagnie. Grâce à la publication du Barron’s, on peut savoir qui fait quoi sur quelle compagnie, en plus d’avoir des informations supplémentaires sur les actions précises que les activistes posent. Depuis la dernière crise, on évalue que de telles interventions auraient triplé annuellement, et de plus en plus d’actifs se dirigent vers de tels types de gestion. Dans le journal de Barron’s du 30 novembre dernier, Clifton Robin’s, de la gestion Blue Harbor, mentionne que les compagnies sont de plus en plus ouvertes à ses interventions : « Quand j’ai commencé il y a 10 ans et que j’appelais le président d’une compagnie, c’est l’avocat de l’entreprise qui me rappelait. Aujourd’hui, lorsque je demande à parler au dirigeant en mentionnant que j’ai une idée pour faire progresser le prix de leurs actions de 30 à 50%, il me rappelle! » Voici le genre d’interventions qu’une campagne activiste peut proposer :
- Amélioration de la gouvernance de l’entreprise
- Cession d’activité non rentable
- Scission de l’entreprise
- Vente de l’entreprise dans sa totalité
- Réduction des coûts
- Meilleure allocation du capital (tel le rachat des actions)
Le gestionnaire canadien Larry Sarbitt a aussi eu la brillante idée de tirer parti de l’intervention de ces gestionnaires activistes. Il a créé un fonds d’investissement avec des compagnies qui sont la cible d’activistes avec qui il partage une philosophie commune. Ce dernier a même créé des alliances avec certains d’entre eux afin de les appuyer dans leurs démarches. Son objectif avec ce fonds est de trouver des titres valeurs qui ont le potentiel de débloquer en bourse plus rapidement que d’autres titres valeurs qui ne se font pas pousser dans le dos. Comme nous l’avons vu dans le dossier du Canadian Pacific, l’intervention des investisseurs activistes peut souvent faire débloquer beaucoup de valeur ajoutée. On a donc avantage à les suivre de plus près car cela peut nous amener sur des pistes intéressantes.