Les tribulations de la bourse canadienne causées par la chute du baril de pétrole nous ont fait oublier que nos voisins du Sud étaient sur une lancée qui n’a pas été vue depuis 2004. En effet, le climat de peur chronique qui avait enlacé tout le secteur de la finance depuis 2008 semble vouloir laisser la place à un nouveau cycle pour les Américains.
Jusqu’alors, ces derniers étaient confinés à un tel sentiment d’inquiétude que les dirigeants d’entreprises avaient opté pour la sécurité en utilisant prudemment leur capital pour réduire leurs dettes ou racheter massivement leurs actions. Ce comportement peu stimulant pour l’économie a eu le bénéfice d’assainir le bilan des compagnies en plus de générer une très grande stabilité au niveau de la croissance des bénéfices. Par contre, les investissements dans les opérations directes des compagnies a été très faible au cours des dernières années. Ce phénomène semble vouloir changer. L’énorme capital qui dort dans les coffres des compagnies commence à faire son chemin dans l’économie réelle et les investissements massifs devraient continuer à s’accélérer au cours des prochaines années.
Comme me le soulignait un VP de la Banque de Montréal la semaine dernière, au niveau du capex (Capital Expenditures), tout le monde se copie. Selon lui, les dirigeants s’observent et s’épient à chaque trimestre et analysent poste par poste ce que font les compétiteurs. Lorsqu’une compagnie partira le bal de l’investissement dans son entreprise, il est fort à parier que les autres suivront. Ces dépenses d’investissement seront très profitables, en particulier pour les compagnies de service de technologies, puisque plusieurs compagnies ont besoin de remettre à jour leurs systèmes et leurs programmes informatiques. Cela pourrait être la bougie d’allumage pour propulser quelques titres de ce secteur, qui patauge dans les bas-fonds depuis plusieurs années.
Par contre, il serait faux de penser que cette reprise économique pourrait propulser la bourse avec des rendements comparatifs à ceux des dernières années. Ce que très peu de stratégistes osent dire (car ce n’est pas très vendeur), c’est que la croissance économique n’est pas nécessairement parallèle avec la croissance boursière. C’est souvent même le contraire qui se produit. Vous n’avez qu’à prendre l’exemple des États-Unis : les meilleures années boursières ont correspondu aux années où la croissance économique était la plus faible. Donc, je ne m’aventurerais pas à faire un parallèle trop hâtif entre ces deux phénomènes, car il est possible d’être dans une économie forte et d’avoir des rendements normaux sur les indices boursiers. Par contre, il y aura des titres gagnants qui vont vraiment se détacher de l’indice, et pas nécessairement les mêmes que ceux qui ont été exceptionnels dans la dernière décennie. Pour ceux qui n’ont fait aucun ajustement dans leur portefeuille au cours des dernières années, il serait peut-être intéressant de le faire, car les choses risquent de bouger différemment dans les prochaines années.
Joyeuses Fêtes!