La lecture récente de Roger Lowenstein sur la vie de Warren Buffett m’a permis de constater que les marchés financiers commettent à répétition les mêmes erreurs. En effet, on dirait que les investisseurs et les professionnels retiennent peu de choses des expériences passées.
Par exemple, actuellement, l’écart de valorisation entre les compagnies sur les marchés a de quoi surprendre. Des compagnies à 150 fois les bénéfices et d’autres à 5 fois. Comment s’y retrouver? Pourtant ce n’est pas la première fois que cela arrive. Et chaque fois que cela s’est passé, ça s’est terminé de la même façon : les titres surévalués ont corrigé de façon spectaculaire et soudaine.
Ainsi, de 1966 à 1969, les marchés financiers américains ont été propulsés par des titres de croissance avec des ratios cours/bénéfice excessivement élevés. À titre d’exemple, Xérox était à 50 fois les bénéfices et Avon était à 56 fois. À cette époque, surtout depuis 1962, l’argent s’était déplacé de façon massive vers des gestions institutionnelles. Normalement, le fait que l’argent soit géré de façon professionnelle aurait dû amener prudence et bonne mesure. Mais c’est exactement le contraire qui s’est produit. Les gestionnaires de fonds en quête de rendement rapide ont créé l’époque spéculative d’investissement Go Go. Leur objectif clair était de surperformer les marchés, trimestre après trimestre. Le mot d’ordre : acheter ce qui monte ! Tout le monde voulait être investi dans IBM, Polaroid et Xérox. La progression de ces titres a été tellement spectaculaire qu’au cours de la période mentionnée, Buffett a été déclassé par cette nouvelle catégorie de gestionnaires de performance. Les rendements étaient si bons dans cette courte période que même le magazine Business Week s’est fait avoir et a proclamé en mai 1969 un nouveau roi de la finance : « Fred Carr, le meilleur gestionnaire des Etats-Unis ». Malheureusement pour ces gestionnaires Go Go, les titres de croissance n’ont pas tenu le coup longtemps et se sont effondrés à l’automne de la même année. La déroute a été telle qu’en décembre, Fred Carr remettait sa démission devant l’insolvabilité de son portefeuille ! Warren Buffet, de son côté, après 15 années d’investissement exceptionnel, venait de fermer son entreprise de placement en mai 1969 puisqu’il ne réussissait plus à trouver d’aubaines. Il n’avait pas adhéré à la mode spéculative et n’en a pas subi les revers.
Lorsque les titres de croissance se sont effondrés, les marchés ont cherché refuge dans les grandes capitalisations du marché, qu’on a appelé les Nifty Fifty. Les investisseurs n’ont pas su tirer de leçon de leur récente déconfiture car après avoir propulsé les titres de croissance à la hausse et les avoir vus s’écraser violemment, ils ont refait la même chose avec les Nifty Fifty dès 1970, les amenant jusqu’ à des sommets jamais atteints. En 1973, le marché était prêt à payer jusqu’à 80 fois les bénéfices pour des compagnies de ce cercle restreint ! S’en est suivie une correction majeure à la fin de 1973 jusqu’en 1974. Cette deuxième débandade de l’approche croissance a amené beaucoup d’aigreur et de morosité parmi les investisseurs, défaitisme qui a perduré jusqu’au début des années 1980. Pendant ce temps, Buffett passait à travers les colonnes financières dans les journaux où une multitude de compagnies se transigeaient avec un cours bénéfice à un seul chiffre. Il était stupéfait de constater l’écart des cours/bénéfice sur le marché dans une si courte période de temps. Il dira plus tard de cette période: « Ce fut une des rares fois à WallStreet où l’Amérique se donnait pour rien et que personne n’en voulait. » C’est à cette époque, en octobre 1974, que lors d’une entrevue avec le magazine Forbes, on a demandé à Buffett comment il se sentait par rapport au Marché, ce à quoi il a répondu : « Like an oversex guy in a whorehouse », une analogie colorée et crue qui nous laisse bouche bée.
À la lecture du livre de Lowenstein, on ne peut qu’admirer les capacités exceptionnelles de Warren Buffett à détecter la qualité à travers le chaos. Ses connaissances approfondies sur les compagnies lui ont permis de faire des coups d’investissement exceptionnels. Sa maîtrise lui a donné une confiance lui permettant de voir au-delà des tempêtes. Il est un disque dur vivant qui enregistre tout ce qu’il y a à savoir sur toutes les compagnies. Le système d’archive intérieure inégalé de Warren Buffet lui permet de repérer ce que les autres ne voient que plus tard, et il a l’audace d’aller de l’avant massivement.
On croirait que les investisseurs essaient de prendre exemple sur cet homme devenu le meilleur investisseur au monde en adoptant sa philosophie d’investissement. Mais dans les faits, l’approche valeur reste minoritaire et la masse de l’argent investi actuellement rappelle bien davantage les méthodes des spéculateurs Go Go… Les écarts complètement éclatés des cours/bénéfices des compagnies en bourse font en sorte que pour profiter des aubaines, il est essentiel de prendre le temps de mesurer les entreprises. En faisant cet exercice, vous allez découvrir en parallèle des compagnies qui se transigent à des cours/bénéfice complètement exagérés et une multitude d’autres qui se transigent avec des cours/bénéfice à un seul chiffre ! Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Comme l’a déjà dit Warren Buffett au milieu des années 70 : « Now it’s the time to invest and get rich !
SUITE à venir…
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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un conseiller en placements et gestionnaire de portefeuille pour l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles du gestionnaire de portefeuille uniquement et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. Industrielle Alliance Valeurs mobilières inc. est membre du Fonds canadien de protection des épargnants et de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.