Atnaé Lussier

Les chiffres d’inflation viennent de sortir à 8,3% et les taux directeurs sont présentement à 1%! Même lors de l’explosion inflationniste des années 70, l’écart entre ces deux paramètres n’était pas aussi prononcé et pourtant, il a fallu augmenter les taux d’intérêt bien au-delà du taux d’inflation pour réussir à la contrôler. Soyons francs, à ce niveau, le seul espoir de combattre l’inflation, c’est que celle-ci s’arrête d’elle-même par magie. Utopique? Croyez-le ou non, c’est un discours qui est cru et propagé à l’heure actuelle : « après quelques hausses d’intérêt « musclées » (environ 2% en tout), l’inflation reviendra progressivement à son taux cible autour de 3% au cours de l’année qui vient ». Hum…

Il est vrai qu’un élément anti-inflationniste est actuellement à l’œuvre : le dégonflement des marchés financiers. Cette tendance va effectivement contribuer à baisser la demande. Mais cela ne sera pas suffisant selon moi pour contrer l’inflation. Il faudrait vraiment une hausse beaucoup plus significative des taux d’intérêt.

Lorsque l’on regarde le marché obligataire américain, on réalise rapidement que plusieurs détenteurs n’achètent plus ce discours rose d’inflation temporaire et se débarrassent massivement de leurs positions obligataires, sous-performantes par rapport à la hausse du coût de la vie. Résultat : les taux de rendement obligataires montent beaucoup trop vite pour que ce que la Fed voudrait. En fait, c’est elle qui se fait forcer la main, car sur les marchés, les taux obligataires aux États-Unis tournent maintenant autour de 3%, ce qui est tout de même 2% de plus que le taux directeur sérieusement en retard…

La hausse fulgurante des taux obligataires, si elle se poursuit, pourrait-elle éventuellement calmer l’inflation? Pour cela, il faudrait qu’elle augmente encore de plusieurs points. Or, est-il réaliste de penser que la Fed laisserait monter encore les marchés obligataires à des taux d’intérêts aussi élevés que 6-9%? À titre d’exemple, un taux d’intérêts de 6% signifierait que la moitié de toutes les recettes fiscales des États-Unis servirait à payer les intérêts sur la dette du pays et un taux de 9 à 10% rendrait le pays sur le bord de l’insolvabilité. Cette avenue est tout simplement trop lourde de conséquences pour être adoptée. Conclusion : malgré ses vœux pieux d’arrêter ses achats d’actifs et même de revendre ceux qu’elle possède, la Fed sera forcée de retenir les taux en soutenant le marché obligataire comme acheteur.

Et l’inflation, alors? Dans une telle éventualité, très rapidement, il y aura une prise de conscience que la Fed n’a pas vraiment d’outils viables pour combattre efficacement l’inflation, un peu comme une équipe de pompiers sans eau pour éteindre un feu et qui espèrent que le vent arrête de souffler sur les braises.

Les investisseurs avertis vont alors chercher à se réfugier vers une devise plus forte, mais comme la majorité des grandes devises mondiales sont aussi vulnérables que le dollar, cela va limiter les alternatives. La monnaie d’or devrait alors faire un retour en force d’une manière probablement spectaculaire. D’ailleurs, depuis que la Russie a rattaché d’une manière indirecte son rouble à l’or, le métal jaune est au centre de la guerre mondiale financière qui a lieu actuellement entre les pays émergents (Chine-Russie-Indes) et les Occidentaux. Selon moi, ces derniers essaient de comprimer la montée des prix des métaux précieux pour garder la force de leurs monnaies, comme ils l’ont fait avec les taux obligataires depuis la crise Covid pour maintenir l’économie à flots.  Toutefois, la hausse spectaculaire récente des taux d’intérêts obligataires montre que les mécaniques artificielles ont leurs limites. En effet, même si la Fed rachetait massivement sur les marchés obligataires, les taux sur les marchés se sont quand même mis à monter constamment parce qu’une grande quantité de vendeurs est apparue. J’anticipe un phénomène assez similaire sur les métaux précieux lorsqu’il y aura une trop grande quantité d’investisseurs qui cherchera à investir dans ces refuges. La compression ne pourra alors plus rien contre la flambée des prix.


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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille pour iA Gestion privée de patrimoine inc. et ne reflète pas nécessairement l’opinion de iA Gestion privée de patrimoine inc. L’information contenue dans le présent bulletin provient de sources jugées fiables, mais nous ne pouvons pas garantir son exactitude ni sa fiabilité. Les opinions exprimées sont fondées sur une analyse et une interprétation remontant à la date de publication et peuvent changer sans préavis. De plus, elles ne constituent ni une offre ni une sollicitation d’achat ou de vente des titres mentionnés. L’information contenue dans le présent document peut ne pas s’appliquer à tous les types d’investisseurs. Le conseiller en placement ne peut ouvrir des comptes que dans les provinces où il est inscrit.

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