Atnaé Lussier
CBDC

À l’heure actuelle, les banques centrales du monde sont explorent la possibilité de créer une monnaie numérique gérée par elles. Cette monnaie utiliserait la technologie de la chaîne de blocs, tout comme les cryptomonnaies. Cela viendrait remplacer les échanges en monnaie papier ou en monnaie digitale, qui sont actuellement gérés par les banques commerciales. Rappelons que la monnaie est déjà digitale depuis de nombreuses années. En effet, 97% de la circulation monétaire mondiale ne se fait pas sous forme de billets papier, mais plutôt sous forme de dépôts bancaires, c’est-à-dire des lignes de code digitaux indiquant un solde dans une banque commerciale. Toutefois, le modèle de base du système bancaire reste inchangé. La monnaie digitale émise par la banque commerciale est effectivement convertible en argent papier et constitue un passif pour elle. Alors quelle différence observerait-on si les banques centrales émettaient leurs propres monnaies numériques, tel que la CBDC?

La CBDC (Central Bank Digital Currency, en français MNBC : Monnaie Numérique de Banque Centrale) correspond au concept de monnaie numérique que les banques centrales pourraient émettre, peu importe à partir de quel pays. Elle présente des bénéfices et des désavantages.

Des avantages évidents…

Les sites web des banques centrales mettent de l’avant les avantages d’une telle monnaie pour les citoyens : un gain de sécurité (à la condition que la cybersécurité du système soit sans faille), la réduction des frais bancaires pour les virements transfrontaliers, la diminution de la criminalité, l’élimination du besoin d’avoir sur soi de l’argent comptant, etc. Du côté de la banque centrale, la chaîne de blocs ainsi développée permettrait de centraliser tous les actifs dans le même système, réduire le marché noir et les fraudes, économiser les coûts reliés à l’impression et à la circulation d’argent papier, faciliter le contrôle des taxes et de la fiscalité, ainsi qu’utiliser des statistiques de consommation très fidèles à la réalité.

…mais aussi des dangers à l’horizon

Comme vous l’avez compris, avec cette technologie, on pourrait désormais savoir précisément qui a transigé quoi et à quel moment. Il est en effet impossible de modifier ou de détruire un maillon de la chaîne. En d’autres mots, la transaction effectuée par monsieur Tremblay il y a 5 ans concernant sa maîtresse serait disponible sur la chaîne indéfiniment. Vous voyez un peu les implications légales et éthiques d’un tel système… En ce sens, le concept de monnaie numérique centralisée est d’ailleurs très controversé. Le gouvernement se retrouverait effectivement avec un outil de contrôle et de surveillance puissant entre les mains. Un outil qui pourrait éventuellement brimer certaines libertés individuelles…

La Chine sert de cobaye

C’est ce qui se passe en Chine qui, elle, a déjà sorti sa monnaie nationale numérique. Il s’agit du E-CNY, déployée dans certaines régions du pays à l’heure actuelle. Le gouvernement a débuté avec un projet pilote ayant pour but de stimuler l’économie à l’aide du E-CNY. On donnait un montant mensuel à certains citoyens. Ces personnes avaient un certain nombre de jours pour dépenser le montant, sinon il disparaissait. La banque centrale imprimait donc de l’argent et forçait les citoyens à dépenser pour stimuler l’économie. La nouvelle monnaie numérique chinoise apporte aussi des informations précieuses pour supporter le système de crédit social établi en Chine. Ce dernier accorde ou enlève des points aux citoyens selon leur historique de consommation. La possibilité d’accroître la surveillance domestique par les gouvernements freine l’enthousiasme de certains législateurs occidentaux face à l’idée d’une monnaie numérique centralisée telle que la CBDC.

Une menace pour les cryptomonnaies?

On peut aussi se demander pourquoi les pays voudraient créer des monnaies numériques alors que les cryptomonnaies existent déjà? Justement, avec l’adoption de la CBDC, un objectif implicite est certainement de diminuer l’adoption des cryptomonnaies. Il est vrai que les banques et le gouvernement ne contrôlent pas les cryptomonnaies, par définition. Il faut bien comprendre que lorsqu’on dépose de l’argent à la banque, celle-ci garde 10% du dépôt en liquide pour répondre au besoin des clients qui retirent de l’argent. Elle prend le 90% restant pour faire des prêts, des investissements, des swaps, etc… Lorsqu’un client retire son argent et le convertit en cryptomonnaie, il en découle une diminution de l’activité économique car il n’y a plus d’effet levier possible. De plus, il devient très difficile pour les gouvernements de répertorier les avoirs des citoyens puisqu’ils ne sont plus dans le système officiel. Ces contrariétés disparaîtraient avec le la monnaie numérique digitalisée.

Quel avenir pour les banques commerciales actuelles?

Avec l’adoption de la CBDC, le système bancaire tel qu’on le connaît pourrait être complètement modifié. Les citoyens ne feraient plus leurs dépôts chez une banque commerciale, mais directement à la banque centrale. L’argent des citoyens serait donc désormais le passif direct de la banque centrale. En ce sens, le risque sur le dépôt serait moindre car une banque centrale a peu de chance de faire faillite, à la différence d’une banque commerciale. Ainsi, l’implantation de cette monnaie pourrait créer une fin aux paniques bancaires, situation où de nombreux déposants retirent précipitamment tout leur argent de leur banque car ils craignent l’insolvabilité de celle-ci. En revanche, certains détracteurs de la CBDC craignent que le pouvoir ainsi conféré à la banque centrale ne vienne compromettre son indépendance. Pourrait-elle subir davantage de pressions politiques?

Quant aux banques commerciales, elles ne se feraient plus compétition pour garder vos dépôts. Elle seraient désormais plutôt en compétition pour proposer la meilleure plateforme de portefeuille digital. Les banques seraient également dans l’obligation de financer leurs activités de prêt en empruntant directement à la banque centrale. Cette dernière perdrait par le fait même son rôle de prêteur de dernier recours. La banque qui aurait les meilleures stratégies de taux d’intérêts serait celle qui ferait les meilleurs profits. Ces derniers seraient toutefois grandement réduits par rapport à aujourd’hui.  

Est-ce pour bientôt?

Quand pourrait-on voir une telle monnaie s’implanter dans notre pays? Selon le site web de la Banque du Canada, on n’a pas l’intention de sortir une monnaie numérique pour l’instant. Mais on est en train de la développer…

Il peut être intéressant de se poser la question : Pourquoi, partout sur la planète, y a-t-il une urgence de mettre en place ces nouvelles monnaies encryptées par la banque centrale du pays? Les réponses demeurent des hypothèses. Cependant, au moment où toutes les monnaies s’affaiblissent dangereusement, les banques centrales s’inquiètent assurément du fait qu’il pourrait y avoir une escalade de perte de confiance envers la monnaie. Si cela arrivait, les États ayant mis en place cette nouvelle monnaie pourrait tenter de stabiliser la panique en présentant la nouvelle monnaie comme une solution révolutionnaire au problème monétaire. Inaugurer une monnaie du futur ressusciterait assurément la confiance! Bien sûr, il s’agirait d’une illusion. En effet, cette monnaie, pas plus que la précédente, n’aurait le pouvoir de contrer l’inflation ou les problèmes d’approvisionnement.

Si vous appréciez les sujets tels que la CBDC, les cryptomonnaies et autres thèmes connexes, faites-nous en part. Nous pourrions entrer dans des sujets plus complexes lors de prochains articles.

Olivier Langlois-St-Laurent et Atnaë Lussier


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