Atnaé Lussier

Peu importe le contexte, il y a toujours une opportunité d’investissement. Dans la situation actuelle d’inflation galopante et de récession inévitable, pourquoi l’or et l’argent demeurent-ils un véhicule de choix? Et pourquoi tardent-ils à réagir? Ce sont des questions que nous abordons dans ce 3e et dernier volet de ce dossier.

QUEL EST LE RÔLE DES MÉTAUX PRÉCIEUX DANS LE CONTEXTE ACTUEL?

Depuis 20 ans, nous sommes dans la croyance que les gouvernements pourront toujours nous sauver du pire. Mais lorsque les gens vont comprendre que tout l’argent imprimé durant les 2 dernières années n’aura pas réussi à nous sauver de la crise financière et monétaire planétaire, la confiance dans les institutions et leurs outils financiers (les devises) va en prendre pour son rhume. Nous assisterons alors à un déplacement historique de devises vers des alternatives plus efficaces, comme l’or et l’argent ou autres matières défensives.

LES ÉPOQUES SE SUIVENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS

Les opportunités d’investissement ne se trouvent pas toujours au même endroit selon les époques. Par exemple, quand l’inflation a explosé au début des années 1970, cela s’est fait au détriment des actions et des obligations puisque les taux d’intérêts ont explosé, mais en contrepartie, ce fut extraordinaire pour les matières premières. Puis, au début des années 1980, quand les taux étaient à leur maximum, ce fut une occasion en or pour acheter des obligations à long terme, et lorsque les taux ont commencé à redescendre, des actions : leurs prix ont alors explosé et ce fut assez extraordinaire jusqu’à la fin des années 90. Puis cette longue période florissante s’est transformée en bulle. Quelqu’un qui aurait tout vendu avant la crise de 2000 et attendu deux ans que tout s’écrase pouvait se repositionner à rabais sur une série de titres valeur dans différents domaines à des prix incroyables. Les dividendes à eux seuls pouvaient donner un rendement très intéressant. C’était aussi une bonne période pour investir en immobilier, car suite à 20 ans de taux hypothécaires élevés, les prix étaient complètement à terre. En 2008-2009, l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis a entraîné les marchés financiers au bord de l’insolvabilité, ce qui m’a permis de voir les opportunités les plus incroyables de ma carrière sur le marché des actions. Les aubaines étaient tout simplement inimaginables, notamment les titres technologiques dont plus personne ne voulait rien savoir depuis la crise de 2000. Les écarts de crédit énormes offraient aussi des rendements très intéressants sur les obligations corporatives, ainsi que sur les actions privilégiées. Puis une nouvelle bulle s’est formée, qui a commencé à dessouffler depuis le début de cette année. La crise du Covid et l’impression monétaire faramineuse qui en a découlé a de nouveau déplacé les pions et cela nous demande de lire les marchés avec de nouvelles lunettes. Discerner les opportunités du moment requiert une bonne compréhension de la situation dans laquelle on se trouve, avec une vision panoramique et une grande ouverture d’esprit devant la possibilité d’aller à contre-courant.

Ce que je retiens de tous ces cycles, c’est que dans un espace d’environ 10 ans, on passe d’un extrême à l’autre, d’un marché excessivement peu cher à un marché excessivement cher et vice versa. Ce qui est le plus impressionnant, c’est la vitesse à laquelle tout cela s’orchestre, surtout après une longue période ou les choses sont allées dans le même sens. Lors de la hausse fulgurante des actions à partir de 1982, cela faisait 10 ans que la bourse était morose, et lors de la correction de 2000, cela faisait très longtemps que le marché était euphorique. Si vous regardez en arrière, certaines valeurs n’ont pas bougé depuis longtemps alors que d’autres ont explosé. Il y a de fortes chances que ce soit celles qui sont boudées qui en ont le plus à offrir. Pour vous donner un exemple, quand j’ai investi dans Microsoft en 2011, cela faisait plus de 10 ans que la compagnie était boudée. Les 11 années qui ont suivi ont été complètement à l’inverse des précédentes : l’action a explosé. À l’heure actuelle, il y a des matières premières qui sont boudées depuis 10 ou 15 ans, alors que nous sommes dans l’expansion inflationniste la plus violente depuis la 2e guerre mondiale. Cela ne me demande pas beaucoup de science pour vous dire avec assez de conviction que les prochaines années ne seront pas pour ces matières premières à l’image de la dernière décennie.

INVESTIR EN PÉRIODE D’INFLATION

Et maintenant, où sont-elles, les opportunités? Nous venons de passer à travers une période de plusieurs décennies de désinflation (diminution de l’inflation), principalement due à l’innovation et à la compétition entre les compagnies, qui cherchent toutes à réduire le coût de ce qui est vendu afin de prendre des parts du marché. Désormais, nous traversons au contraire une période d’inflation majeure. Afin de combattre l’inflation, nous avons besoin de taux d’intérêt réels positifs, c’est-à-dire au-dessus de l’inflation, ce qui est encore loin d’être le cas. Rappelons que pour venir à bout de l’inflation des années 70 qui avait atteint un niveau de 13,3%, Paul Volcker, alors président de la FED, a dû monter les taux jusqu’à 20%!

Le nouveau régime inflationniste amène ses nouvelles règles financières, mais le marché, les investisseurs et les professionnels du placement en général ne se sont pas encore ajustés à cette nouvelle réalité. Selon moi, on ne peut tout simplement pas rester investis de la même façon qu’au cours des dernières décennies. Dans une période d’inflation, ce sont les biens tangibles qui s’apprécient davantage, tandis que tous les biens financiers perdent de la valeur. Il faut donc favoriser ce type de biens afin de se protéger du ravage de l’inflation. Ce changement de perspective requiert une transformation temporaire dans nos habitudes d’investissement traditionnelles (actions, obligations) qui ont la peau dure.

QUE SE PASSE-T-IL AVEC L’OR ET L’ARGENT?

Les métaux précieux dévalués actuels demeurent selon moi le meilleur refuge pour le contexte actuel d’inflation et de décroissance économique. Alors que l’inflation bat des records, que l’économie est en repli et que la guerre fait rage, nous aurions déjà dû voir une explosion phénoménale dans les métaux précieux. Or depuis quelques mois, les choses vont à sens contraire de la logique pour l’or et l’argent. Il y a 2 semaines, dans un rapport publié sur les produits dérivés de ce secteur, je suis tombé sur un graphique qui explique pas mal de choses.

Ce graphique montre que la quantité de produits dérivés sur les métaux précieux dans les banques américaines a multiplié par 6 fois depuis cet hiver. À la lumière de ces informations, on constate que l’explosion des transactions sur les produits dérivés correspond au moment où on a commencé à avoir une correction dans l’or et l’argent au printemps sur le COMEX (le marché des contrats). Drôle de coïncidence… Le rapport ne nous indique pas de quel type de produits il s’agit, mais il demeure que la synchronisation laisse la place à plusieurs interprétations. Alors que la demande a été très forte, les produits dérivés semblent avoir joué un rôle de contrepoids à cette demande, ce qui expliquerait que les prix n’aient pas monté.

ARRIVE-T-ON AU BOUT DES RÉSERVES?

Parallèlement à cela, on assiste à un phénomène intéressant : le prix des métaux précieux métallique, lui, n’a pas subi la même baisse que celle des métaux du COMEX, si bien que l’écart entre le prix « spot » (du COMEX) et le prix de la rue (marché du métal physique) bat des records. Dû à cela et à l’incitatif financier qui vient avec, on voit de plus en plus d’acteurs du marché des contrats demander à se faire livrer physiquement la matière à l’échéance du contrat (ce qui est inhabituel dans ce marché). Ce phénomène draine à vue d’oeil les réserves d’argent métal détenu par le COMEX, comme le montrent les graphiques suivants.

Comme on peut le constater, avec l’offre qui diminue et la demande qui monte, les prix actuels ne suivent pas la loi de l’offre et de la demande. Qu’adviendra-t-il du prix de l’or et de l’argent quand il n’y aura plus de métal à livrer dans ce marché de contrats? On pourrait assister à un « squeeze » assez surprenant. D’ailleurs, Londres a fermé son marché de contrats sur l’or et l’argent depuis le 11 juillet (source : LME), une décision qui, à mon avis, en dit long sur la précarité de la situation.  

J’ai l’impression que depuis le printemps, les métaux précieux sont au centre de la guerre financière mondiale qui se joue sur la planète. Tandis que la crédibilité du dollar chute, la Chine, la Russie, l’Inde et l’Arabie ne sont pas des alliés commerciaux naturels au point de faire complètement confiance en leurs devises papier mutuelles. L’or devient alors tout naturellement le fongible des échanges entre ces pays, l’outil qui leur permet de solidifier leur système de transaction, remplaçant progressivement le dollar. L’or enlève un risque de confiance lié à la devise utilisée lors des échanges commerciaux. Bien sûr, cela ne fait pas l’affaire des États-Unis… 

Il y a un mois, une milliardaire texane a placé une commande pour acheter des pièces d’argent d’une once de la Monnaie américaine pour une valeur de 50 millions, pièces qui se vendent 11 $ US au-dessus du prix « spot ». Miles Franklin, qui a reçu la commande, a dévalisé tout ce qu’il y avait aux É-U et a seulement pu offrir à la milliardaire 27 millions en pièces d’argent américaines. Elle a dû compléter sa transaction en acceptant de prendre 23 millions en pièces d’or de la US Mint. Elle voulait placer d’autres commandes mais comme il n’y avait plus de pièces américaines, elle n’a pas bougé pour le moment. Cette histoire a fait beaucoup parler dernièrement dans le milieu. La dame aurait très bien pu faire sa transaction sous silence, en faisant affaire par exemple directement avec une compagnie minière, et en achetant des barres de 1000 onces. Le type de transaction qu’elle a choisi de faire a été reçu comme une possible volonté de faire un coup d’éclat et de mettre à jour le fait que les quantités d’argent actuellement détenues par la monnaie américaine sont très limitées. Quand des milliardaires allument et commencent à bouger dans ce sens, on a un accélérant pour vider ce qui reste dans la rue, et quand tout sera vidé, la mascarade des prix papier du Comex va prendre fin et les prix des métaux vont exploser. Rappelons qu’en ce moment, le « Junk Silver » américain (anciennes pièces 90 % pure de 0.10 $ 0,25 $ 0,50 $ ) se transige 40 % plus cher que le prix Comex!  Je ne crois pas que ce ne soit jamais arrivé avant. On est testés dans notre patience, mais les fondamentaux sont là et nous pourrions faire beaucoup d’argent avec cette stratégie. Dans chaque contexte, il y a toujours quelque part une bonne affaire et en ce moment, c’est définitivement les métaux précieux. Quand tout va s’inverser, ça risque d’aller très rapidement. 


N’hésitez pas à communiquer avec nous pour découvrir notre offre en placement. Il nous fera plaisir de vous aider à saisir des opportunités sur les marchés financiers.

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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un gestionnaire de portefeuille et conseiller en placements pour iA Gestion privée de patrimoine inc. et ne reflète pas nécessairement l’opinion de iA Gestion privée de patrimoine inc. L’information contenue dans le présent bulletin provient de sources jugées fiables, mais nous ne pouvons pas garantir son exactitude ni sa fiabilité. Les opinions exprimées sont fondées sur une analyse et une interprétation remontant à la date de publication et peuvent changer sans préavis. De plus, elles ne constituent ni une offre ni une sollicitation d’achat ou de vente des titres mentionnés. L’information contenue dans le présent document peut ne pas s’appliquer à tous les types d’investisseurs. Le conseiller en placements ne peut ouvrir des comptes que dans les provinces où il est inscrit.

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