Pascal Charpentier

Lorsque les Américains ont confisqué les dollars des Russes au printemps dernier, ces derniers ont annoncé qu’ils exigeraient dorénavant des roubles ou de l’or comme monnaie d’échange pour leurs matières énergétiques. Depuis lors, afin de contourner les restrictions que les pays occidentaux leur ont imposées, ils vendent leurs ressources aux Indiens, qui les revendent ensuite aux autres pays. Et finalement, la Russie a accepté d’être payée en dollars américains par les Indiens. Pour l’instant. Dans une recherche publiée le 5 décembre 2022 (Source : Investment Solutions and Sustainibility), le célèbre Zoltan Polzsar, ancien stratégiste de la FED qui travaille aujourd’hui pour Crédit Suisse, affirme que « si la Russie met à exécution son plan afin d’être payée en or pour son pétrole, cela changera complètement la dynamique des moyens d’échange sur la planète », entraînant une escalade rapide de demande pour le métal jaune.

Polzsar émet l’hypothèse que pour faciliter le départ de ce nouveau moyen d’échange, les Russes pourraient décider d’offrir aux Indiens plus de pétrole pour chaque gramme d’or, par exemple deux barils par gramme d’or au lieu du ratio actuel d’un baril par gramme d’or. Cette stratégie ferait exploser instantanément la demande pour l’or. En effet, les investisseurs voudraient mettre la main sur l’or car l’or permettrait d’acheter à rabais du pétrole. Cet arbitrage finirait par se combler assez rapidement, ce qui ferait passer le prix de l’or de 1800$ US à 3600$ US, toujours selon Polzsar. Cette décision russe serait suivie par d’autres pays producteurs qui enclencheraient une réévaluation du prix de l’or au détriment du dollar US.

Avec ce scénario, Polzsar nous fait entrevoir la possibilité d’un basculement complet de l’ordre établi. En enclenchant ce changement, la Russie confirmerait à nouveau l’or comme médium d’échange international, ce qui profiterait aux pays ayant accumulé des réserves importantes de métaux précieux, comme la Russie, mais aussi la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, la Turquie et plusieurs autres. On assisterait alors à la fin de la suprématie du dollar et à une dépolarisation des monnaies d’échange internationales.

Rapidement, tout le système de gestion des prix par les contrats papiers géré par l’Occident serait ébranlé puisque les banques d’affaire américaines qui gèrent les négociations sur les métaux seraient obligées de combler rapidement leur déficit de réserve. S’en suivrait une course pour mettre la main sur les réserves restantes des marchés des contrats qui, rappelons-le, ont déjà fondu comme neige au soleil depuis 2021. Cette course à la protection par les grandes banques américaines qui gèrent ces contrats pourraient engendrer une hausse incontrôlable du prix de l’or et des autres métaux refuge.

Dans la même veine, le stratégiste Luke Gromen disait dernièrement que l’or était en train de devenir un moyen d’échange incontournable (https://www.youtube.com/watch?v=_0c5Ml3rH7k&t=1583s). Selon ce stratégiste, la transition « or contre pétrole » est inévitable pour plusieurs raisons. Si vous êtes un exportateur de pétrole, vous savez que les réserves mondiales de pétrole s’épuisent rapidement et que les coûts d’exploitation augmentent de façon exponentielle. Lorsque vous reconnaissez cette réalité et que vous êtes aux prises avec ces problèmes, vous allez inévitablement chercher à vous faire payer avec une monnaie qui conservera son pouvoir d’achat dans le temps. Selon Gromen, dans ce contexte, l’or est plus à même de conserver sa valeur qu’une devise dont le loyer (les intérêts) est incapable de suivre la hausse réelle des coûts des producteurs. Ces derniers savent que ce qui est vrai pour le pétrole l’est tout autant pour l’or puisque 80% des coûts pour mettre la main sur les nouvelles réserves d’or viennent des coûts d’énergie! Les deux sont donc liés, d’où l’expression « l’or est de l’énergie en barre »! Si les coûts d’énergie explosent, les coûts d’exploitation pour aller chercher de l’or explosent également, et le prix de l’or suit. En se faisant payer en or, les producteurs ont en quelque sorte une assurance que la valeur de cette monnaie suivra l’augmentation des coûts d’exploitation. Conséquemment, les exportateurs d’énergie chercheront de plus en plus à accumuler de telles réserves monétaires pour se protéger.

Selon Luke Gromen, dans un monde où l’accès à l’énergie est en chute libre, la transition « essence contre or » est également inévitable du côté des pays acheteurs de pétrole, car leurs monnaies en perte de valeur ne permettent plus de se procurer de l’énergie à un prix stable, ce que seul un étalon réussissant à suivre l’inflation, tel que l’or, peut faire.

L’entente récente entre les pays de l’OPEP et la Chine qui permet désormais l’échange « essence contre yuans » a créé un précédent diplomatique et constitue un premier pas vers un éventuel divorce entre le pétrole et le dollar américain, dont la très longue union semble être en train de prendre fin.

Source : chinadailyhk.com 10 déc. 2022

Jusqu’à maintenant, l’Ouest a réussi à empêcher l’inévitable explosion du précieux métal en contenant son prix par la création de fausses réserves papier sur le marché des contrats. Cette mécanique a fonctionné longtemps, mais dorénavant, de gros joueurs internationaux demandent livraison du métal dans leurs mains, concourant ainsi à l’épuisement rapide des réserves boursières de métaux.

La situation énergétique en Amérique semble s’être stabilisée depuis le printemps, mais c’est sans prendre en compte le fait que le gouvernement américain utilise massivement depuis avril 2022 les réserves stratégiques de pétrole du pays stockées au Texas, qui servent en cas de crise ou de guerre. Les 720 millions de barils de pétrole de la réserve ont déjà fondu de moitié!

Source: Bloomberg

Que va-t-il se produire lorsque ces réserves seront épuisées, ce qui devrait arriver au cours de l’année 2023 si le rythme de pompage actuel est maintenu? Et pire encore : comment réagira le marché du pétrole si par la suite il devient nécessaire de reconstituer à nouveau cette immense réserve nationale? Il risque de manquer rapidement de ressources, et même une récession ne suffira pas à faire baisser la demande d’énergie. Les prix de l’énergie repartiraient alors certainement dans leur flambée de l’hiver dernier, avec la conséquence de voir l’inflation repartir au galop.


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