Atnaé Lussier

Vendredi 13 janvier 2023

En lisant cette revue, vous ferez sûrement comme moi le constat que ce fut une année bien chargée en événements de toutes sortes!

L’année 2022 a débuté en annonçant immédiatement ses couleurs : en quinze jours, le marché avait plongé drastiquement, mettant fin au rallye boursier qui durait depuis la crise de la pandémie et ouvrant le chemin pour plusieurs autres baisses qui se sont additionnées durant l’année, ponctuées de timides rebondissements. Les efforts déployés pour mettre ma clientèle à l’abri des marchés traditionnels ont commencé à prendre tout leur sens. Voici en un tableau le bilan annuel des principaux indices du marché.

C’est l’écroulement du marché des obligations, réputé stable, qui a fait le plus mal. Peu de gens savent que le marché des obligations est énormément plus important que le marché des actions. C’est vraiment lui qui tient tout le marché financier et sa stabilité est essentielle pour maintenir la santé des entreprises, des fonds de retraite et des compagnies d’assurance, et, plus fondamentalement, la confiance de la population dans le système financier. La problématique cette année est venue de la hausse spectaculaire des taux d’intérêts. Dans l’objectif de contrer l’inflation invasive, le taux directeur de la Banque du Canada est passé de janvier à décembre de 0,5% à 4,25% (pour comprendre l’effet inverse entre la hausse des taux d’intérêts et la baisse de la valeur du portefeuille obligataire, voir notre vidéo explicatif ). Alors que la dette partout dans le monde est à des sommets historiques, chaque hausse d’intérêt a des conséquences fatales. C’était une seconde année négative pour les obligations, mais la possibilité d’une troisième n’est pas à exclure. En effet, personne ne sait jusqu’où les banques centrales vont continuer à monter les taux. Par ailleurs, la majorité des investisseurs n’ont pas encore saisi que la problématique du marché des obligations n’est pas une petite vague de surface, mais bien un courant de fond puissant et très dommageable. Ils ne sont pas encore inquiets. Plusieurs espèrent même naïvement un demi-tour de la FED. Les banques centrales seront toujours là pour nous sortir d’affaire, pensent-ils…

Du côté des actions, le marché n’a pas encore reflété les données économiques et j’ai une conviction forte que la baisse de 2022 n’est que le début du mouvement. Rappelons qu’il faut entre 9 mois et 2 ans avant de voir les répercussions de la hausse des taux dans l’économie réelle. Les signes d’affaiblissement des résultats financiers des compagnies que l’on a pu voir dernièrement commencent donc à peine à refléter les premières hausses d’intérêts d’il y a un an. Comment imaginer qu’ils pourraient s’améliorer, si en plus une récession s’installe en Amérique du Nord? Je prévois que de plus en plus de compagnies vont avoir de la difficulté à refinancer leurs prêts, et le marché va inévitablement mettre le radar sur ce genre de problématique, et l’extrapoler aux compagnies similaires comme un danger possible. Malheureusement, au niveau de l’endettement, les compagnies ont eu 15 ans de récréation avec des taux extrêmement faibles et la plupart des dirigeants de compagnies n’ont jamais eu à développer une discipline devenue désormais vitale pour la survie des entreprises. Historiquement, sur le marché des actions, plusieurs années négatives consécutives ne sont pas un phénomène fréquent, mais je pense qu’on a vraiment un scénario parfait pour envisager que ce serait le cas. Voici quelques exemples historiques qui devraient nous inspirer la prudence :

Normalement, lorsque les actions chutent, l’argent se déplace vers les obligations, ce qui fait monter leur prix, engendrant des bons rendements, comme ce fut le cas dans la grande crise de 2008-2009. Cette fois-ci, les deux catégories ont chuté en synchronicité, créant le pire rendement combiné des 150 dernières années pour le marché américain, comme on peut le voir dans ce tableau :

On ne peut faire le bilan de 2022 sans parler de la guerre en Ukraine qui sévit maintenant depuis 10 mois. On espère depuis le début qu’elle soit de courte durée, mais les expériences de Hitler et Napoléon nous montrent que les Russes sont difficiles à briser : ils ont un grand territoire, beaucoup de ressources, une grande résilience, et l’habitude de vivre des restrictions importantes. Outre le drame humain inhérent à toute guerre, la guerre en Ukraine a également sévèrement affecté l’important marché des ressources et de l’énergie provenant tant de l’Ukraine que de la Russie, plongeant notamment plusieurs pays d’Europe dans une grave crise énergétique. De plus, la guerre a creusé un fossé entre le pôle occidental et les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui travaillent présentement à sortir de l’hégémonie du dollar américain et à dépolariser le système d’échange planétaire, ce qui ne fait sûrement pas plaisir à Washington. On sous-estime les risques géopolitiques actuels qui sont à mon avis les plus sérieux depuis la 2e guerre mondiale.

En 2022, la Covid a encore continué d’affecter le monde entier, notamment par la fermeture du marché chinois. On se rappelle tous des images du port de Los Angeles avec les containers empilés en montagnes et celles des cargos accumulés dans les ports de Shangaï suite à la fermeture de l’économie chinoise (à ce sujet, voir notre article). Cette décision de la Chine est venue accélérer la crise de la chaîne d’approvisionnement qui est encore aujourd’hui au cœur du problème économique mondial actuel. Je crois qu’on a sous-évalué la fragilité de la logistique de la chaîne d’approvisionnement, qui s’est perfectionnée au cours des 40 dernières années, et qui a atteint une complexité qui en fait à la fois sa force et sa faiblesse. Une fois brisée, cette machine est beaucoup plus difficile à réparer qu’on ne pouvait l’imaginer. Selon Jim Rickards, c’est tout un nouveau réseau d’échange qu’on devra recréer, ce qui pourrait prendre 10 ans (Jim Rickards, Sold out ). Par ailleurs, la rupture de la chaîne d’approvisionnement cette année est venue enflammer le problème inflationniste mondial comme une bougie d’allumage.

Au sujet de l’inflation, sujet majeur de l’année, l’information véhiculée nous donne l’impression qu’elle est en train de se résorber. En effet, officiellement, après avoir frappé des sommets non atteints depuis le début des années 80 (8,1%!), elle a commencé à ralentir au cours des derniers mois, la dernière donnée du mois de novembre étant à 6,8%. Toutefois, la cible jugée « hors danger » par les banques centrales (entre 1% et 3%) est encore bien loin d’atteinte, considérant la vitesse à laquelle ça redescend… Le graphique suivant montre l’évolution de l’inflation au Canada des 25 dernières années.

Au risque de choquer les banques centrales, selon moi, il s’agit davantage d’une pause dans un long cycle haussier (voir notre article). Lorsque les réserves de sécurité de pétrole du Texas auront été consommées, on pourrait revoir les prix de l’énergie s’accélérer, même si l’économie continuait sur son ralentissement. La réouverture du marché chinois suite à sa politique « 0 Covid » risque également de faire monter la demande mondiale en énergie (et son côut). L’autre élément déterminant dans l’évolution de l’inflation pourrait être un éventuel demi-tour des banques centrales, qui pourraient décider de repartir la planche à billets suite à une crise, comme ce fut le cas cet automne en Angleterre qui a dû recommencer à imprimer de l’argent pour sauver de la faillite les fonds de pension, un événement dont les autres pays occidentaux ne sont pas à l’abri (à ce sujet, voir notre article ). Une telle décision laisserait de nouveau la voie libre à l’inflation.

Toujours en Angleterre, un autre des événements de l’année est sans contredit le défaut de contrat sur le nickel sur le marché de Londres. Après l’explosion du prix du nickel en mars et devant l’incapacité des vendeurs des contrats (surtout des grandes banques…) d’honorer la transaction, la bourse des métaux de Londres a tout simplement décidé d’annuler tous les contrats existants sur le nickel, une première en 145 ans d’histoire. Afin d’éviter des problèmes dans d’autres marchés de ressources étroits et en déclin, Londres décide de fermer en juillet son marché de l’or et de l’argent, laissant la responsabilité aux Américains de continuer la gestion des contrats ( à ce sujet, voir notre article notre article et notre BD )

Parlant contrats et matières premières, nous publions dans cette infolettre, en primeur, un article sur la crise des matières premières. En le lisant, vous comprendrez pourquoi les métaux précieux sont devenus un enjeu vital international. Les inventaires métalliques des bourses des contrats comme le Comex ont réduit de 70% en un an et demi. Le temps est compté pour ceux qui désirent protéger leur patrimoine avec ces valeurs refuges.

 
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Cette information a été préparée par Pascal Charpentier qui est un gestionnaire de portefeuille et conseiller en placements pour iA Gestion privée de patrimoine inc. et ne reflète pas nécessairement l’opinion de iA Gestion privée de patrimoine inc. L’information contenue dans le présent bulletin provient de sources jugées fiables, mais nous ne pouvons pas garantir son exactitude ni sa fiabilité. Les opinions exprimées sont fondées sur une analyse et une interprétation remontant à la date de publication et peuvent changer sans préavis. De plus, elles ne constituent ni une offre ni une sollicitation d’achat ou de vente des titres mentionnés. L’information contenue dans le présent document peut ne pas s’appliquer à tous les types d’investisseurs. Le conseiller en placements ne peut ouvrir des comptes que dans les provinces où il est inscrit.

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