Pascal Charpentier
2024

2024: Quels sont les enjeux?

On a beaucoup parlé d’« atterrissage en douceur » dans la dernière année, cette idée réconfortante que l’inflation pourrait être endiguée sans aucune souffrance. Plusieurs économistes plus pragmatiques font face à la réalité : la hausse de taux la plus intensive de l’histoire que nous venons de vivre devrait avoir des effets ravageurs dès 2024 et pour au moins les deux prochaines années.

La grande question qu’il faut se poser est la suivante : les gouvernements vont-ils réellement laisser l’économie s’écrouler? Que ce soit lors de la crise financière de 2008 ou lors de la crise sanitaire de 2020, ils ont réagi immédiatement pour stimuler l’économie en ouvrant grand les valves.

Depuis plusieurs années, le gouvernement américain cumule des déficits historiques année après année. Sans cet apport d’argent énorme, une récession serait d’ores et déjà bien installée. La réalité, c’est que les gouvernements préfèrent faire d’énormes déficits pour soutenir l’économie plutôt que de la laisser atterrir avec les effets dévastateurs qui viennent avec : chute boursière, marasme immobilier, chômage, faillites, pauvreté…

Défi de financement pour les déficits gouvernementaux

Le problème avec ces déficits est qu’il faut trouver à les financer. La hausse rapide des taux longs dans les marchés obligataires nord-américains cet automne a montré que la dette américaine ne se renouvelait plus aussi bien qu’avant. Il faut dire qu’elle a atteint des niveaux jamais vus dans l’histoire.

À l’heure actuelle, 7,7% du produit intérieur brut des États-Unis est financé par le déficit! Avec ce niveau d’endettement, il faut une quantité toujours plus grande d’acheteurs d’obligations. Or, la demande n’est manifestement plus ce qu’elle était, notamment avec le retrait progressif des Japonais et Chinois. Ces derniers sont principaux créanciers de la dette américaine. Le rendement exigé pour ces obligations de moins en moins sûres a d’ailleurs atteint des sommets cet automne.
 
Et pourtant, il en va de la viabilité du système économique que cette dette trouve preneur lorsque les échéances arrivent. Si la demande ne soutient pas l’offre, les taux pourraient monter au ciel et toute l’économie s’écrouler. Et comme vous le savez sûrement déjà, la situation monétaire des États-Unis concerne tout l’Occident.

TAUX D’INTÉRÊT 10 ANS AUX ÉTATS-UNIS

Modérer les taux: un mandat de la FED

C’est là qu’entre en jeu la banque centrale, qui a le pouvoir de se porter acheteuse des obligations en surplus. Dès les premiers signes de détresse, la FED arrivera à la rescousse. Elle imprimera alors de la nouvelle monnaie afin de soutenir le marché obligataire, le marché financier et le système bancaire. Rappelons que parmi les objectifs officiels de la FED, outre la stabilité des prix et un taux d’emploi maximum, il y aussi le maintien de taux d’intérêt à long terme modérés (Source).

On remarque de plus en plus qu’elle prend ce mandat de surveiller que le marché obligataire reste toujours liquide. Elle est prête à intervenir au besoin. Et pour influencer les taux d’intérêt, l’outil du taux directeur est limité. En effet, plus l’échéance est longue, plus la loi de l’offre et de la demande domine l’équation. Afin d’intervenir à ce niveau, la banque centrale n’a d’autre choix que de se positionner en tant qu’acheteuse. En imprimant de l’argent…

L’économie ou la monnaie?

On est désormais entrés dans une ère où l’économie sera maintenue en vie par d’énormes déficits financés par les banques centrales. Ce cercle vicieux de déficits et d’impression massive de devises conduit inéluctablement à l’effondrement progressif de la valeur du dollar. L’inflation, on le sait, appauvrit toutes les classes sociales. Et malheureusement, les actifs traditionnels ne sont pas à l’abri de son impitoyable effet érosif.

En d’autres termes, soit c’est l’économie qui s’effondre, soit c’est la monnaie. On ne pourra pas sauver les deux. Et tout semble indiquer qu’on va sacrifier la monnaie.

Un changement de paradigme

L’effet coup de poing ne saurait tarder, c’est-à-dire que les gens vont chercher à troquer leurs devises pour un actif plus fiable. Face à cette perte de confiance envers la monnaie, les actifs tangibles seront alors privilégiés. Dans ce scénario, les marchés financiers pourraient possiblement s’apprécier sous l’effet de l’impression monétaire, comme ce fut le cas en 2020, mais ce sera fort probablement les métaux précieux qui seront le plus fortement propulsés.

Le nouveau dollar : l’or

La mécanique actuelle est un environnement parfait pour l’essor des métaux précieux. Comme les matières premières, ils ont la caractéristique de pouvoir garder leur valeur dans un contexte d’inflation. Ce n’est pas pour rien si à l’internationale, l’or fait un retour en force comme actif de réserve auprès des banques centrales.

DEMANDE D’OR DES BANQUES CENTRALES À L’INTERNATIONAL (2010-2023)
(SOURCE: STATISTA)

Nous sommes dans une accélération mondiale sans précédent d’achat d’or et de vente de bons du trésor américain. De plus, pour la première fois depuis très longtemps, l’or est utilisé comme moyen d’échange entre pays pour le commerce de matières premières, comme le pétrole. Il semble assez clair que les Américains ont perdu l’autorité traditionnelle de leur dollar. Le réveil de l’or comme moyen d’échange entraînera le réveil spectaculaire de l’argent comme deuxième métal monétaire. La fin du film se dessine assez clairement : sur le nouveau plateau de jeu, pour gagner, il est essentiel que vous ayez les jetons solides plutôt que ceux en papier.


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