Les spécialistes en finance semblent tous convaincus que nous allons retrouver un environnement de bas taux d’intérêt tel que nous l’avons connu durant 15 ans avant 2022. Cette perception basée sur le passé récent est une heuristique connue -le biais de disponibilité- qui nous fait utiliser uniquement les éléments disponibles dans notre mémoire pour estimer la probabilité d’un événement. En d’autres termes, ce qui est familier et connu a plus de probabilité de se produire que ce qui ne l’est pas. Ainsi, puisque les taux d’intérêt ont été extrêmement bas dans notre vécu récent, cela devient la nouvelle norme à reproduire et tous attendent le retour à la « normale ». Ce pronostic me semble profondément déconnecté avec ce qui se passe sur les marchés obligataires depuis quelques mois, qui annonce bien davantage une ère de taux d’intérêt haussiers.
Plus assez d’investisseurs pour la quantité obligations émises
Dans la réalité, les dettes ne cessent de monter dans les pays de l’Occident mais l’engouement pour les acheter est en chute libre. Les Américains, notamment, qui sont au centre de cette crise, ont de plus en plus de difficulté à trouver preneurs pour leurs obligations à moyen et long terme. En effet, plusieurs nations traditionnelles acheteuses de ces dettes, comme la Chine, le Japon ou l’Arabie Saoudite, délaissent leurs positions américaines en faveur de lingots d’or.
Par conséquent, les taux de rendement dans ce marché obligataire ont encore remonté cette semaine au-dessus du 5% pour les échéances de 20 ans! Le parcours qu’emprunte les taux longs est complètement erratique et ne suit plus la ligne de conduite que la FED tente de lui donner. Force est d’admettre que les dettes, trop élevées, ont érodé la confiance dans ce produit classiquement reconnu comme le plus sécuritaire, et l’ensemble du marché exige de plus grands rendements pour ces dettes qui ne cessent de croître…

La FED piégée
Cette situation a des conséquences fâcheuses pour la Réserve fédérale qui aimerait probablement avoir la liberté de pouvoir baisser ses taux davantage. Mais puisque le marché obligataire ne collabore pas, elle se trouve menottée. Sa seule option pour baisser ses taux directeurs serait qu’elle achète elle-même une grande partie des obligations émise par son pays en repartant l’impression monétaire. Si elle décide d’aller dans cette direction pour faire baisser les taux du marché obligataire coûte que coûte, nous savons tous que cette situation hautement artificielle n’est pas viable à moyen ou long terme car elle a un coût, et ce coût est l’inflation, qui est déjà problématique. Or une fois l’inflation installée, la seule façon de la faire redescendre est… d’enclencher une série de taux d’intérêt haussiers.
À mon avis, nous sommes dans un cul-de-sac et nous entrons inévitablement dans un environnement de taux d’intérêt haussiers pour une longue période.
Une 2e cause moins connue: l’inflation réelle
L’inflation que l’on sous-évalue depuis si longtemps devient l’éléphant dans la pièce qu’on ne peut plus ignorer. Pourquoi tant de joueurs quittent le navire de l’investissement obligataire? En plus de la perte de confiance généralisée envers le marché obligataire, l’inflation est également un facteur qui éloigne de plus en plus les gros investisseurs qui considèrent les rendements obligataires non satisfaisants par rapport à l’inflation, qui serait dans les faits plus élevée que le chiffre officiel. En effet, les rendements obligataires devraient être au moins égaux sinon supérieurs à l’inflation. Mathématiquement, il ne devient donc plus logique d’investir dans un produit qui vous donne moins de la moitié de la dévaluation monétaire annuelle. Les grandes banques centrales du monde ont compris que le fait de détenir à si bas taux de la dette américaine ne fait plus aucun sens compte tenu des rendements anémiques qu’elle offre.
Selon John Williams, économiste et chercheur spécialisé dans l’analyse des calculateurs gouvernementaux, les calculateurs actuellement utilisés pour mesurer l’inflation ne reflètent plus du tout la réalité. On a modifié ces calculateurs plusieurs fois depuis les années 80 afin d’intégrer les variations de qualité des biens et les effets de substitution, ce qui abaisse à chaque fois le résultat du calcul. De ce fait, l’IPC est de plus en plus controversé. John Williams, sur son site Shadow Stats, publie régulièrement le taux d’inflation tel qu’il serait si on avait gardé les calculateurs d’origine basés sur un panier de consommation fixe. Le décalage entre ses résultats et les chiffres officiels est déconcertant. Selon le chercheur, l’inflation américaine actuelle se situerait davantage autour de 10% plutôt que du 2,6% proposé par les calculateurs gouvernementaux!

L’or mesure l’inflation réelle
Selon l’économiste américain, vous avez plus avantage à suivre le prix de l’or que les chiffres d’inflation afin d’avoir une idée réelle du niveau d’inquiétude des marchés sur l’inflation. Il n’y a pas de fumée sans feu… La poussée sur l’or que nous avons eue au cours de la dernière année est sans équivoque à ce niveau. Le métal jaune n’a pas monté de 75% en 18 mois juste par hasard : une commodité monétaire aussi névralgique et aussi contrôlée ne peut pas monter autant sans que des forces très puissantes soient à l’œuvre, en l’occurrence plusieurs banques centrales du monde.
Qui plus est, l’élan que nous avons eu au cours des derniers mois n’en est encore qu’à ses balbutiements puisque pour l’instant, seuls quelques gros joueurs ont commencé à transférer une partie des actifs obligataires vers les métaux. Lorsque la masse des gestionnaires participera à cet élan, en saisissant le cul de sac que représente le marché obligataire, vous allez voir l’or monter encore davantage, mais aussi et surtout les actions du secteur aurifère ainsi que les autres métaux précieux tels que l’argent, qui, eux, vont véritablement s’emballer étant donné le retard actuel sur l’or. En effet, comme le souligne l’analyse technique Michael Oliver souvent cité par Eric Sprott, l’argent est corrélé historiquement à l’or, et l’écart de valeur entre les deux métaux est actuellement excessivement étiré. De ce fait, il s’attend sous peu à un revirement rapide et violent en faveur de l’argent.
Marché obligataire malade = métaux précieux en santé
Pour résumer la situation sur les taux d’intérêt, le système de dettes mondial a dépassé la capacité du système financier à absorber tous les flux générés par les échéances qui arrivent de plus en plus rapidement. La mécanique de financement à bas taux a reposé très longtemps sur une confiance aveugle, mais lorsque cette confiance dans le système de dette atteint ses limites, comme cela semble être le cas actuellement, toute la structure se dérobe rapidement et montre au grand jour les faiblesses de notre organisation financière. Dans ce contexte, je vois difficilement comment les taux d’intérêt à moyen terme ne pourraient pas monter dramatiquement. Notre système monétaire, malheureusement appuyé sur toutes ces dettes souveraines, semble avoir atteint les limites de sa durée de vie utile.
Par ailleurs, il me semble clair que l’objectif de l’administration américaine en place est de dévaluer volontairement la dette nationale en dévaluant la monnaie. Si ma lecture est bonne et que les monnaies se mettent à se dévaluer, l’inflation, même sous-évaluée, va inévitablement entraîner une ère de taux d’intérêt haussiers. Si vous êtes un emprunteur, je vous encourage fortement à fixer votre taux d’intérêt le plus rapidement possible et sur le plus long terme possible. En tant qu’investisseurs, une perspective de période prolongée de hausse d’intérêt est catastrophique car il n’y a aucune possibilité de créer un gain en capital avec nos actifs obligataires : ils se retrouvent systématiquement sous leur valeur nominale jusqu’à leur échéance. Lors d’un décès, par exemple, on devra forcément liquider l’actif à perte.
Les obligations ne sont pas irremplaçables dans un portefeuille
En conclusion, à moins de se limiter aux obligations très court terme (moins d’un an), les métaux précieux offrent une alternative de choix aux obligations avec de nombreux atouts : résilients à l’inflation et aux incertitudes, sans risque d’entreprise ni risque de défaillance, faiblement corrélés au reste du marché, indépendants du système monétaire, tangibles et universels.
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