Atnaé Lussier

Bernard est client avec moi depuis plus de seize ans. Il est arrivé en pleine tempête, au cœur de la crise boursière de 2009. Il était l’un des quelques aventuriers qui avaient répondu à ma lettre proposant mon « portefeuille à revirement majeur ». Déjà, ce simple geste en disait long sur son tempérament d’investisseur : un chevalier hardi, capable de passer à l’action dans les moments les plus difficiles.

Il y a exactement cinq ans, à l’automne 2020, Bernard m’a appelé pour me demander si je n’avais pas « un titre excitant » à lui proposer. Je lui ai alors parlé d’un investissement que j’avais fait un an plus tôt : la compagnie d’électronique GameStop. En fait, cette entreprise était une situation particulière qui rendait son potentiel explosif.

À l’époque, GameStop voyait sa rentabilité s’effondrer et était donc devenue la cible privilégiée des vendeurs à découvert. Par conséquent, de 2016 à 2019, le titre avait perdu près de 90 % de sa valeur. Or, à l’automne 2019, on comptait 71 millions d’actions vendues à découvert alors que la société ne comptait que 65 millions d’actions en circulation! Cette situation était mathématiquement impossible, puisque chaque vente à découvert doit en théorie être adossée à un prêt d’actions existantes. Ce déséquilibre extrême annonçait un potentiel de short squeeze monumental.

Ma stratégie était donc simple : détenir un titre qui deviendrait indispensable le jour où la couverture des positions vendeuses tournerait à la panique.

J’ai partagé à Bernard la BD sur les ventes à découvert que j’avais écrite quelques mois plus tôt, où j’évoquais sans le nommer le cas de Gamestop en dernière page. Bernard a décidé d’acheter 5 000 actions de GameStop à 5 $ US.

J’avais ce titre dans plusieurs portefeuilles, dont le mien, depuis l’automne 2019. Depuis tout ce temps, j’attendais patiemment le short squeeze que j’avais anticipé. C’était mathématique!

Le titre a d’abord monté doucement au cours de l’automne, puis s’est mis à monter un peu plus rapidement à partir du mois de janvier, sans toutefois prendre la forme typique verticale d’un short squeeze.

Le 12 janvier, la compagnie a publié des résultats de ventes décevants. J’ai alors perdu confiance. Lorsque le lendemain matin, 13 janvier 2021, le titre a franchi les 20 $ US, j’ai vendu toutes les actions. Le short squeeze ne surviendrait finalement peut-être pas, mais nous avions tout de même quadruplé notre mise… Pas si mal!

C’est alors que le titre s’est mis à s’emballer à toute vitesse ! Moi qui avais identifié l’un des plus grands cas de short squeeze potentiels, je venais de vendre trop tôt! Déconcerté, j’ai appelé Bernard :

— J’ai vendu trop vite! Le squeeze est en train de se produire sous mes yeux!!!
Et Bernard, fidèle à son calme légendaire, m’a répondu, simplement :
— Ce n’est pas grave. Rachète !
— Quoi ?!
— Tu crois toujours à ton scénario initial ?
— Oui…
— Alors rachète. On a vendu 5 000 actions à 20,50 $, reprends ce que tu peux avec le solde !

J’ai aussitôt racheté 3 000 actions à 33,13 $ US, et quelques jours plus tard, nous avons vendu les actions à 155 $ US, réalisant un gain exceptionnel.

investisseur

Cette aventure nous a rappelé une leçon précieuse : les plus grands apprentissages naissent au cœur du tumulte. Il faut savoir se faire confiance, même quand tout vacille.

Peu après, Bernard m’a aussi fait confiance dans un autre domaine : les métaux précieux. Tout comme pour notre investissement dans Gamestop, l’aventure a d’abord commencé par une léthargie plus longue qu’anticipée. Mais Bernard est resté investi, patient et confiant, gardant le cap. Puis, à partir de 2024, ça a commencé à monter, puis à monter, puis à monter…

Le résultat de ces deux aventures est éloquent: le CELI de Bernard, avec une mise initiale de 89 000 $, a franchi la barre de 1,25 million $ cette semaine!

Ce récit illustre magnifiquement une relation de confiance et de stratégie entre un investisseur audacieux et son conseiller, dans une dynamique très peu commune où sang-froid, patience, et conviction se sont entremêlés pour produire des résultats exceptionnels.

Aujourd’hui, la situation sur le marché de l’argent physique — avec la pénurie de lingots et la multiplication des contrats de livraison papier — rappelle étrangement l’épopée de GameStop. Nous ne sommes d’ailleurs sûrement pas au bout de nos surprises. Les semaines à venir pourraient être riches en rebondissements spectaculaires.

Statistiques intéressantes

Saviez-vous que…

  • il existe 17 774 340 titulaires de CELI au Canada?
  • Il existe 29 titulaires canadiens qui possèdent un CELi de plus de 5 millions?
  • Il existe 323 titulaires canadiens qui possèdent un CELI entre 1 et 5 millions? Dont Bernard…

(source: ARC)


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